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Archive for octobre 2010

A l’aube du 3e millénaire, la Droite se réincarne en Extrême

25 octobre 2010 Laisser un commentaire

On devait s’y attendre : alors que Sarko a tout fait pour draguer les électeurs FN cet été après les émeutes de Grenoble et les violences de St Aignan, la parole se libère, les tabous sautent, comme « kärcherisés ». Ainsi, à quelques jours d’écart, un célèbre parfumeur à la retraite d’évoquer sur une chaîne  publique un travail de « nègre », avant d’enchaîner sur des propos racistes, et deux députés UMP d’évoquer ouvertement une union avec le FN.

Le premier volet de l’affaire aurait pu rester anecdotique, s’agissant d’un vieux beau racontant en direct sur France2 à une journaliste béate le mythe de la création du parfum Samsara. Sauf que cet ex- parfumeur n’est autre que Jean-Paul Guerlain, héritier de la maison Guerlain, que le parfum dont il raconte la génèse est Samsara, un des succès de la maison dans les années 80, à la communication largement inspirée de l’Orient (cf. video), qu’il est salarié de LVMH, dont l’actionnaire majoritaire est Bernard Arnault, témoin du mariage de Sarkozy avec Cécilia, dont la première femme est désormais l’épouse de Patrice de Maistre…le gestionnaire de Liliane Bettencourt.

Mr Guerlain a donc déclaré qu’il avait pour la création du parfum Samsara « travaillé comme un nègre », ajoutant – visiblement satisfait – de son trait d’esprit :

Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin.

Dérapage raciste donc, d’un vieux beau, qui a fait hurler de rire la journaliste Elise Lucet, qui – certainement toute au jasmin et au santal du parfumeur – n’a rien trouvé à redire à ce dérapage raciste en direct dans son émission.

Pour aggraver son cas, LePost.fr rappelle que Jean-Paul Guerlain avait déjà été rappelé à l’ordre pour violation du code du travail à Mayotte, dans ses plantations d’Ylang-ylang : le parfumeur employait ses cueilleuses, sans contrat de travail, et sans fiche de paie…Un travail de nègre qui ne nécessitait certainement pas selon l’héritier de juste rémunération.

Le slogan du parfum à son lancement clamait qu’ « à l’aube du 3e millénaire, la femme se réincarne en Guerlain » (voir video ci-dessous). A l’aube de 2012, les consommatrices de Guerlain seront prévenues : c’est la réincarnation en racistes qu’elles risquent.

Si le dérapage de Jean-Paul Guerlain est en soi assez pitoyable, émanant d’une personne privée, il reste d’une ampleur moindre. Par contre, venant de certains élus (UMP) de la nation, cela devient de plus en plus angoissant. Ainsi celui des deux amis, Christian Vanneste et Xavier Lemoine, appelant de leurs voeux sur Radio Courtoisie,  «la radio libre du pays réel», une alliance entre l’UMP et le FN en vue de 2012.

Le premier, Christian Vanneste, député du Nord, estime que l’«alliance avec ce qui est à notre droite» est «tout à fait possible», et prône la présentation de candidats UMP-FN aux législatives. Celui-ci en bon démocrate, y met toutefois une réserve : que «le Front National descende les portraits de Mussolini», c’est à dire qu’il reste comme il est, mais qu’il arrête ses dérapages verbaux.

Le second, Xavier Lemoine, député de Montfermeil, va plus loin : il appelle de ses voeux une «union» UMP-FN , déclarant :

Il est nécessaire et indispensable qu’on arrive à cette union.

Comme quoi, Sarko nous avait promis de libérer la croissance, avec le succès que l’on sait, c’est plutôt la parole raciste et nauséabonde qu’il a libérée…

 

Y aurait-t-il une justice indépendante en France ?

17 octobre 2010 1 commentaire

Nouveau rebondissement dans l’affaire Woerth-Bettencourt : Jean-Louis Nadal, le plus haut représentant du parquet, demande au procureur Courroye, proche de Nicolas Sarkozy, et jusque-là seul en charge du dossier de transmettre l’affaire à un juge d’instruction, mesure réclamée jusqu’alors par à peu-près tout ce qui ne porte pas casaque UMP.

Jean-Louis Nadal

C’est Corine Lepage qui a pris l’initiative cet été de demander à Jean-Louis Nadal si il y avait motif ou non dans le cadre de l’affire Woerth-Bettencourt de saisir la Cour de Justice de la République (CJR), instance habilitée à juger les fautes commises par des ministres en exercice.

Le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, s’est donc fait communiquer les résultats des enquêtes en cours et a officiellement recommandé la saisie d’un juge d’instruction, recommandant au procureur général de Versailles (supérieur hiérarchique de Courroye) que :

les investigations se poursuivent dans le cadre de l’information judiciaire (c.à d. par la désignation d’un juge d’instruction), seul cadre procédural de droit commun existant (qui permette) le strict respect des droits de la défense, par l’accès à la procédure et l’assistance d’un avocat.

Toutefois, Jean-Louis Nadal, estime ne pas disposer de suffisamment d’éléments à ce stade de l’enquête pour se prononcer sur un renvoi de l’affaire devant la CJR.

Ce dernier va encore plus loi – et cela fera sourire ceux qui ont suivi l’affaire – ce dernier s’étonne qu’aucune enquête n’ait encore été ouverte dans le cadre de la vente d’une parcelle de la forêt de Compiègne réalisée par Mr Woerth peu de temps avant son départ du Ministère du Budget dans des conditions prêtant à suspicion. Et demande au procureur général de Paris :

de lui adresser tous les éléments utiles (concernant) la cession d’une parcelle de la forêt domaniale de Compiègne (une décision contestée de Woerth qui n’a pour l’instant donné lieu à aucun développement judiciaire).

Mais ne nous réjouissons pas trop vite, l’indépendance de la justice étant en France sous Nicolas Sarkozy ce qu’elle est, et les demandes de Jean-Louis Nadal n’ayant pas de valeur directive, il est encore fort probable que l’enquête reste dans les mains de Courroye, qui a adressé une fin de non-recevoir à cette demande. Ce dernier a d’ailleurs aussitôt fait savoir qu’il allait « continuer ses investigations », suggérant du même coup qu’il n’entendait aucunement passer la main.

Appart Nicolas Sarkozy île de la Jatte

Rappelons pour la petite histoire que ce procureur est un « ami » de Nicolas Sarkozy, qu’il avait lui-même classé sans suite l’enquête sur l’achat de l’appartement de ce dernier sur l’île de la Jatte au groupe immobilier Lasserre (dépendant des permis de construire de la mairie) alors qu’il était maire de Neuilly-sur-Seine. Nicolas Sarkozy était à l’origine des faits suspecté de prise illégale d’intérêts et de corruption passive avec enrichissement personnel…

Gageons dans cette situation qu’il est donc aussi peu probable de voir confier à un juge d’instruction l’enquête sur Woerth, que de voir la chimérique commission d’enquête demandée par l’opposition se mettre en place.

MENS : vous en rêviez, Sarko l’a fait

8 octobre 2010 Laisser un commentaire

C’est le Monde qui révèle l’information dans son édition du 07/10 : la gendarmerie se serait constitué, en toute discrétion, un fichier, illégal et clandestin, listant les Roms et les gens du voyage, ainsi que des informations sur leurs origines raciales et ethniques.

La France est déjà, comme le rappelle dans son blog le journaliste Franck Johannès au quatrième rang des pays les plus condamnés depuis la création, en 1959, de la Cour européenne des droits de l’homme. Cette nouvelle controverse, après le parallèle de Viviane Reding sur la période actuelle et la Deuxième Guerre Mondiale, ne risque pas d’améliorer l’image de notre pays à l’étranger.

MENS fichier illégal Roms gens du voyage

La gendarmerie détient en effet, bien à l’abri des regards indiscrets, un fichier listant notamment les origines… ethniques de Roms et gens du voyage. Or, lister des « données à caractère personnel qui font apparaître les origines raciales et ethniques », constitue un délit puni de cinq ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende, toujours d’après le quotidien du soir.

L’absence de déclaration à la CNIL dudit fichier vient encore aggraver le cas des éventuels responsables.

Et rappelle fortement – bien que Nicolas Sarkozy et ses troupes aient clairement fait comprendre que l’usage du parallèle était un monopole de l’UMP – les plus sombres périodes de notre histoire (voir video ci-dessous).

Comme on peut se douter, la révélation de l’existence de ce fichier laisse les responsables sans voix, au premier rang desquels Brice Hortefeux, qui, imperturbable, déclare :

(que l’expression MENS) a été utilisée par la gendarmerie dans les années 1990 (mais assure qu’il) n’a pas connaissance d’un fichier de ce nom. (Et jur que) s’il apparaissait des éléments nouveaux, il demanderait naturellement au groupe de contrôle des fichiers de se saisir de cette question.

Déclarations que l’on nous permettra de ne considérer qu’avec une extrême circonspection, de la part d’un ministre condamné pour injure raciale, et dont le directeur de cabinet, Michel Bart – auteur malheureux de la circulaire visant expressément les Roms de cet été – est cité à comparaître pour « incitation à la haine raciale ».

De son côté, la gendarmerie, dément l’existence de ce fichier.

Une plainte a été déposée  par les avocats des quatre principales associations de Roms et de gens du voyage mercredi 6 octobre, auprès du procureur de Paris, pour constitution de ce fichier non déclaré et illégal.  Les avocats entendent saisir également la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), à qui ce fichier n’a pas été déclaré, et la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Concernant la Halde, on reste sceptique de l’efficacité de Jeannette Bougrab, particulièrement silencieuse cet été sur la question de l’expulsion des Roms, plus prompte à doubler son salaire qu’à se saisir de sujets qui puissent fâcher Nicolas Sarkozy, à qui elle doit sa place…

Des paris sur une l’éventualité d’une condamnation ? L’UMP, bonne fille, paiera-t-elle la note rubis sur l’ongle, comme elle s’apprête à le faire dans le procès Chirac ?

Record d’impopularité de Sarko : 72% de mécontents

4 octobre 2010 Laisser un commentaire

Selon le baromètre du Figaro Magazine, Sarko serait à 72% de mécontents pour 26% de satisfaits. Une vérité que l’on imagine avoir été de plus en plus dur pour le Figaro – Pravda du régime – de maquiller au mieux, tant aux yeux du  Château qu’à ceux du lectorat du quotidien de Serge Dassault.

C’est officiel : les gains en terme de popularité du virage sécuritaire de Nicolas Sarkozy n’auront pas passé l’été. Et il semble que les manifs du mois de septembre contre les retraites, l’atteinte portée à l’image de la France à l’étranger par les expulsions de Roms tout comme la colère bruxelloise de Sarkozy aient réussi à faire perdre aussi vite qu’il mit à les acquérir à notre OmniExpulsant les quelques points glanés à l’extrême droite suite à son discours de Grenoble et aux actions de ses fidèles exécuteurs de basses oeuvres, Brice Hortefeux et Eric Besson.

C’est ce qui ressort de la publication du baromètre du Figaro Magazine publié ce week-end.

Même François Fillon – orchestrant depuis quelques semaines magistralement son départ de Matignon et présenté ses derniers jours comme une alternative crédible à Sarkozy – perd 3 points, se situant à 34% de mécontents.

C’est donc un président au tapis qui fait mine de gouverner la France en ce début d’automne, à la veille d’un remaniement, censé marquer le début de la phase II du quinquennat sarkoziste, phase dédiée toute entière à la préparation de sa réélection.

Paradoxe amusant, alors que Sarkozy s’enfonce, il est de l’autre-côté de l’Atlantique, dans un autre hémisphère, un président qui quitte le pouvoir, auréolé de ses réussites économiques et sociales sans avoir jamais recours à l’extrémisme, se payant même le luxe d’être quasi-assuré de faire élire son successeur (une femme en l’occurrence).

Alors, Nicolas, si vous ne pouvez pas changer les Français, la solution ne serait-elle pas de changer de peuple, comme semble le suggérer  Plantu dans son édition du 3 Octobre ?

72% mecontents Sarkozy Lula election

Gageons que chacune des parties ne s’en porterait que mieux.

Lien vers le Baromètre Figaro Magazine : cliquez ici (pdf)

Sarko et la privatisation du pouvoir présidentiel

2 octobre 2010 Laisser un commentaire

On avait eu déjà des exemples de flagrants mélanges privé-public au sommet de l’Etat. Avec Sarkozy le mélange des  genres est non seulement constant, mais aussi revendiqué comme une façon de gouverner.

Giscard avait tendance à préférer la Françafrique pour ses ressources diverses (gibier, diamants…) que pour de réelles raisons géostratégiques, Mitterrand avait privatisé certains logements (et fonctions) de l’Etat pour l’usage de sa seconde famille ou de son entourage proche, Chirac était devenu le symbole de la confusion des genres.

Mais au moins les prédécesseurs de notre monarque entalonné avaient-ils la décence de rester discrets tout en exploitant au mieux les vieux restes des traditions monarchiques françaises, autorisant plus que dans d’autre pays un subtil mélange entre leur statut public et leur vie privée.

Ces subtilités dépassent totalement Nicolas Sarkozy,  ou si l’on veut lui sont aussi familières que la Princesse de Clèves.

On se souvient, peu après son élection, de son grossier « squat »  de la Lanterne, résidence officielle des premiers ministres, au prétexte que Cécilia ne pouvait concevoir de vivre sans cour de tennis, ni piscine et loin de Paris. Bizarrement, depuis le départ de la Belle, le squatteur n’a toujours pas été délogé.

Sarko Merkel Carla Louis ONU

Mais c’est aux Etats-Unis que le sans-gêne de Sarko prend toute sa mesure. Ce pays – où vit l’ex-infâme qui abandonna Chouchou pour le publicitaire qui lui organisait ses shows – semble en effet déclencher des réflexes exacerbés de père divorcé chez Sarko. Ainsi, alors que d’autres pères dans sa situation achèteraient une console Nintendo ou iraient au cinéma avec leur rejeton, lui emmène son petit dernier en repréentation officielle  Ainsi, lors son dernier voyage aux US – là où Sarko l’Américain avait enfin été invité à la table des Obama – c’est le sénateur John Kerry – ex-candidat malheureux à la Maison Blanche et figure de la vie politique américaine qui a vu arriver Sarko avec une heure de retard, suivi de …petit Louis fier comme Artaban et un ami de ce dernier (comme quoi, les amis chez les Sarko c’est sacré, et ça de père en fils).

Il a récidivé récemment lors de sa rencontre avec Angela Merkel, ce qui a certainement dû faire remonter Sarko aux yeux de cette ex-Allemande de l’Est. Cette rencontre avait été organisée en marge d’un sommet de l’ONU le 20 Septembre pour marquer leur réconciliation officielle après la rebuffade rude mais fondée d’Angela, démentant organiser « une chasse aux Roms » en Allemagne.

Jusque là rien que de très banal, certainement l’idée d’un quelconque Guéant communiquant du Palais.

Mais là où la touche de Nico intervient, c’est que lors de ces séances a priori relevant de la fonction de notre président, on voit apparaître certaines créatures n’ayant a priori rien à faire dans la gestion des affaires du monde : Carla – idéale dans son modèle de femme idéale, dévouée, en retrait de son mari mais aux manières impeccables.

Passe pour Carla, mais un autre personnage attire l’oeil : qui est ce garçon légèrement grassouillet, dont on n’arrive pas à décider si l’air niais relève d’un ennui compréhensible en ces murs ou d’un quelconque retard de développement intellectuel chez cet héritier auquel on imagine bien voir confier dans quelques années un poste de conseiller général ou maire d’une grande agglomération des Hauts de Seine ?

C’est ça finalement la présidence Sarkozy : on fait les choses en famille, et ses proches, on les sort. C’est dur le métier de président, ça laisse peu de temps pour voir Carla et ses enfants : on l’a suffisamment répété à Pujadas, au lieu de parler de l’affaire Bettencourt, non ?

Encore faut-il s’estimer heureux : d’après les gazettes, les Sarko-Bruni s’étant réconciliés avec les Attias (un grand classique des couples divorcés), on ne comprend pas pourquoi Sarko n’a pas invité ces deux-là à cette réconciliation franco-allemande ? Et pourquoi pas Pal, ce peintre de génie, qui aurait pu essayer de fourguer une ou deux toiles à la mère Angela, ou remplacer le tableau de la pièce par une de ses oeuvres (celle représentant Carla à demi-nue par exemple ?). Ou encore Dadu (la mère de Nic’), avec laquelle on aurait assisté à une commission sur la détresse du 3ème âge ?

Tout cela pour dire qu’un fait anodin peut révéler bien des choses : si Nicolas Sarkozy n’est pas capable de comprendre qu’une visite officielle est par définition réservée à des personnes devant leur présence à leurs fonctions respectives, et non une réunion de famille, comment serait-il capable de comprendre que sont indignes de la fonction qu’il occupe la proposition de nomination de son fils à une institution qu’il a lui-même dirigée, le favoritisme systématique d’une certaine clique, ainsi que la nomination de proches à des postes hauts placés  ?

Enfin une vraie réussite de Sarko : l’image de la France à l’étranger kärcherisée

1 octobre 2010 Laisser un commentaire

Alors que la presse française oscille entre controverses parisiano-bruxelloises, réforme des retraites, procès d’un ancien président de la République, rebonds de l’affaire Bettencourt, élucubrations sans fin sur un prochain remaniement annoncé mais toujours pas  en vue, deux hebdomadaires anglo-saxons influents, l’un anglais, l’autre américain, titrent sur le président français, l’un sur son « rétrécissement » (comprendre « affaiblissement »), l’autre sur son « extrémisme ».

Le premier à tirer à boulets rouges sur notre Omniprésident est l’hebdomadaire The Economist. Libéral au sens historique du terme – économiquement à droite, plutôt « permissif » sur les questions de société (le mariage des homosexuels par exemple), il est devenu de facto la bible des soi-disant « décideurs ».

Le journal avait voté les yeux fermés Nicolas Sarkozy en 2007 – ce dernier a pour habitude de toujours prendre position pour un candidat à la veille d’élections dans des pays « majeurs » – arguant que ce dernier était le seul candidat à à présenter un programme crédible et à pouvoir réformer la France. Sur une couverture restée célèbre, l’hebdo avait même titré : « Ce dont la France a besoin », juxtaposant les deux silhouettes de Sarkozy et de Thatcher. Ce qui équivalait à une déclaration d’amour enflammée quand on connaît les positions de l’hebdomadaire.

L’amour ne dure que 3 ans, paraît-il. Cela semble être aussi vrai pour la relation entre la bible des patrons et le roitelet du bling-bling, qui reverrait d’être aussi riche qu’eux. Et l’hebdomadaire semble revenir de sa comparaison entre la Dame de Fer et l’Homme aux Talonnettes.

The incredible shrinking presidentAinsi, dans un numéro de début septembre, The Economist représente Sarko sous la forme d’un bicorne et de deux talonnettes, à côté d’une Carla rayonnante, toute de Dior vêtue, comme sortant d’un thé avec la Reine.

On notera le sens de la concision de nos voisins d’outre-Manche et leur humour tout « anglais ». Ici, mieux que dans un long discours, tout est dit : les dérives bonapartistes du président (le bicorne), la « réduction » de ce dernier et le sentiment que donne Sarko de ne plus « être à la hauteur », ou tout le moins tout juste à la hauteur de ses résultats déplorables dans les sondages, l’ego (le bicorne réminiscence de Bonaparte) atrophié, par rapport à ses réalisations (son corps), et enfin, Carla, notre first-Lady nationale, qui s’était mise en tête de conquérir l’Angleterre – ce que personne ne fit depuis des siècles ! – par ses  tenues, son style, ses formes.

Autant dire que si la France titra que Carla avait conquis un statut de Reine, les journaux anglais furent bien moins tendres avec notre mondaine intrigante, soulignant son arrivisme et se gaussant de ses dons de caméléon, qui lui permirent de se passser, du jour au lendemain, de mangeuse d’hommes en épouse fidèle, d’égérie de la Gauche Caviar en femme d’un des présidents flirtant le plus à droite de la Ve République.

Mais de ces calomnies, The Economist n’a cure, et recentre le débat sur les réalisations politiques de son mari. Et les articles (un éditorial et un article de fond) consacrés au président sont encore plus assassins que la couverture.

La première phrase de l’éditorial est cinglante :

Il semble que les ambitions réformatrices de Nicolas Sarkozy aient fondu avec ses scores dans les sondages.

Le reste est à l’amiable :

Au mieux, M. Sarkozy est un politicien exaltant, au pire, un opportuniste sans complexe qui tourne en fonction du vent.

Avec ses contradictions, difficile de savoir ce qu’il veut réellement, pour peu qu’il le sache lui-même.

Vient enfin un tableau apocalyptique de la société française, digne des pires Cassandre sécuritaires de l’UMP, signant selon l’hebdomadaire l’échec des réformes de Sarkozy :

Aucun gouvernement français n’a voté de budget à l’équilibre depuis 30 ans. Les jeunes restent sans  emploi, à cause de règles et de coûts excessifs qui freinent la création d’emplois par le secteur privé. Les banlieues, situées  à la à la périphérie des villes et majoritairement peuplées d’immigrés sont minées par le chômage, la violence et un désir de revanche. Les atouts qui ont protégé la France du pire de la récession se transforment maintenant en inconvénients  pour profiter pleinement de la reprise.

Sur l’image de la France plus spécifiquement, l’hebdomadaire a réitéré ses critiques dans un article intitulé : « La France contre le monde » (article original en anglais), notant les dommages collatéraux à l’image de la France qu’avaient occasionnés le virage sécuritaire et l’obsession anti-Roms de Nicolas Sarkozy cet été. Là encore, l’hebdomadaire ne mâche pas ces mots :

Cette semaine à l’Elysée, on était en mode « contrôle des dommages collatéraux », et l’on tentait de redonner du lustre à l’image du président, ternie après les violentes critiques suite à sa politique d’expulsions de Roms. Dans un discours solennel (à l’ONU), Nicolas Sarkozy a promis de faire plus pour la lutte contre le SIDA (…). Il s’est assuré d’une séance photo avec Angela Merkel après des échanges peu diplomatiques avec cette dernière à Bruxelles. Même Carla, sa femme, fut de l’offensive de charme, et joua sa partition au cours d’une interview sur CNN, en anglais.

L’article souligne ensuite la perte de prestige de la France sur la scène internationale, et les étranges priorités de Mr Sarkozy, semblant – à titre d’exemple – se préoccuper plus du sort des Roms que de la paix au Moyen-Orient.

L’article se conclut sur une sombre note, supputant que l’approche l’échéance de 2012 n’apportera certainement pas d’infléchissement de la politique sécuritaire du président, tout à sa tentative de captation de voix d’extrême-droite.

Dans la livraison à paraître la semaine prochaine, c’est Newsweek, autre hebdomadaire influent, cette fois-ci américain, qui illustre la montée de l’extrême-droite en Europe par un portrait de …Sarkozy, titrant sur « Sarkozy et la Droite dure ».
Moins subtils que nos amis anglais – privilège de la « Vieille Europe » ? Mais inquiétant sur ce que la politique de Sarkozy donne à voir de la France.

Nicolas Sarkozy extrême-droite Newsweek

Voilà, tout est dit. Un hebdomadaire titrant sur « un président raccourci », intitulant un article « la France contre le Monde » suite à la politique d’exclusion des Roms et la violente querelle lors du sommet des 27 à Bruxelles. Et une autre couverture d’un autre magazine  attribuant directement au président de la République française à la montée de l’extrême-droite en Europe…

Si Sarko n’a pas réussi à kärcheriser les banlieues (ni à tenir nombre de promesses électorales…), il est bien une chose qu’il ait réussi à kärcheriser, c’est l’image internationale de la France.

Un président rétréci, vous avez dit ? Maintenant, c’est le pays tout entier qui est rétréci, ou pour être plus clair, à la hauteur de son président.