La lettre de démission de MAM : après l’incompétence, le ridicule

27 février 2011 1 commentaire

Sacrée MAM ! Elle nous avait bien fait rire avec ses escapades tunisiennes, les investissements immobiliers de ses parents et ses incessantes contradictions. Mais sa lettre de démission pourrait bien être le summum du ridicule de l’épisode MAM.

On hésite entre la fierté mal-placée ou l’aveuglement. Mais le fait est que MAM ne comprend toujours pas ce qui lui arrive. Témoin la lettre de démission qu’elle a enfin accepté de remettre à Nicolas Sarkozy.

Elle commence tout d’abord par réaffirmer sa droiture et sa moralité. Les tunisiens qu’elle se proposait de « sécuriser » avec l’aide de la France apprécieront :

(J’ai veillé) dans mes fonctions comme dans mon comportement personnel, à toujours respecter les exigences, non seulement de la légalité, mais aussi de la dignité, de la moralité et de la loyauté.

Puis vient le couplet sur le thème de l’innocente victime traînée dans la boue par les méchants media, qui n’hésitent pas aussi à salir papa et maman MAM, tout de même en affaires avec un proche du dictateur tunisien :

je suis la cible d’attaques politiques puis médiatiques véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. Depuis quinze jours, c’est ma famille qui subit de la part de certains médias un véritable harcèlement dans sa vie privée, pour tenter d’y chercher de quoi m’affaiblir à défaut de l’avoir trouvé chez moi.

MAM de continuer, toujours pleine d’humour ou totalement aveugle, en affirmant que ses multiples casseroles n’entravent en rien sa capacité à mener la politique étrangère de la France, elle qui est devenue en quelques semaines persona non grata en Tunisie et que l’on envoie se faire oublier au Brésil ou au Koweït.

Cette campagne n’entrave en rien mes relations avec mes partenaires internationaux ni ma capacité à remplir la mission que vous m’avez confiée,

Mais devant bien trouver une raison à sa démission, celle qui s’estime injustement salie avoue que son geste n’est guidé que par sa loyauté et son amitié pour Nicolas Sarkozy. Touchante attention que l’intéressé appréciera.

J’ai une trop grande loyauté et amitié à votre égard pour accepter que votre action internationale puisse, en quoi que ce soit, en souffrir.

Toujours aussi aveuglée (par le soleil du désert tunisien ?) sur son propre compte, MAM, réfutant avoir commis un « quelconque manquement » en vient enfin à la conclusion, évidente pour tous sauf pour elle :

Bien qu’ayant le sentiment de n’avoir commis aucun manquement, j’ai donc décidé de quitter mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et européennes.

Conclusion : si MAM – désormais à la retraite – ne passe pas à la postérité pour son action au gouvernement, avec une telle lettre, elle se qualifie sans problème au panthéon du ridicule politique.
L’intégralité de la lettre de démission de MAM : ici.

MAM, démobilisée à 100%

27 février 2011 Laisser un commentaire

Elle se sera accrochée jusqu’au bout, mettant autant d’énergie à se maintenir qu’elle était prête à en mettre pour soutenir le régime de son ami Ben Ali. Mais ça y est, remplacée par un Juppé en embuscade pour qui les erreurs de sa confrère sont une aubaine inespérée, MAM n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Ca y est : la diplomatie Pashmina et couleurs pastel a rendu son dernier souffle.

Il faut dire qu’elle aura lutté jusqu’au bout, notre ex-ministre, nous offrant quelques épisodes risibles, s’il n’en étaient pas pathétiques.

La veille de son limogeage, cette dernière, envoyée loin de la tourmente au Koweït, affirmait ainsi être « mobilisée à 100% », montrant ainsi autant de clairvoyance dans les dernières heures que son ami Ben Ali ou l’ami de son mari Kadhafi.

Mais la pantomime a quand même culminé avec cet article du Figaro, en date du 26/02 affirmant que si Sarko avait pris sa décision, le plus difficile restait à faire pour lui : annoncer la nouvelle à sa ministre, qui ne comprenait toujours pas ce qu’on lui reprochait.

Reste le plus dur pour le chef de l’Etat : annoncer à Michèle Alliot-Marie qu’elle doit quitter le gouvernement. Et décider si son compagnon, Patrick Ollier, doit lui aussi quitter le ministère des Relations avec le Parlement. «Elle n’est pas du tout dans cette disposition d’esprit. Elle ne comprend pas ce qu’on lui reproche, et elle se considère victime d’une cabale», confiait hier un ministre.

Comme quoi, MAM, à trop fréquenter les lignes privées d’amis de dictateurs, a fini par raisonner comme eux, adoptant la même ligne de défenses qu’un Moubarak ou un Ben Ali, chassés par leurs peuples. Il faut dire à la décharge de cette dernière que Woerth ne fut pas plus réaliste qu’elle, affirmant jusqu’à la veille du remaniement de novembre à qui voulait bien l’entendre que Sarko lui aurait promis un maroquin.

Mais la cécité semble être héréditaire chez les MAM. Ainsi, le propre père de la ministre n’a pas hésité, à plus de 90 ans, à voler au secours de sa fille – la famille, c’est sacré chez les MAM – déclarant sur RTL qu’il ne voyait « absolument aucune faute à reprocher » à sa fille. Soutien plus embarrassant qu’utile, les achats immobiliers en Tunisie de son père ayant largement contribué à la chute de MAM.

«TIENS BON ! Tes amis sont avec toi. N. S.»

A son corps défendant, il faut toutefois avouer que MAM fut aussi victime de l’inconstance de Nicolas Sarkozy qui lui adressait le 16 février dernier un mot de soutien en plein conseil des ministres. Ce mot, MAM s’y accrochait jusqu’au bout, le montrant à ses visiteurs quelques jours avant son limogeage. Las, il ne fallut à Nicolas Sarkozy que 10 jours pour se dédire et à cette démonstration publique de soutien pour se transformer en baiser de la mort pour la ministre déjà exsangue. Ironie du sort, 10 jours c’est à peu près ce qu’il fallut aux peuples tunisien et égyptien pour se débarrasser de leurs monarques fossilisés. MAM, désormais 100% démobilisée, aura tout le temps de méditer sur l’impermanence des choses et l’inconstance des hommes avec ses amis exilés.

Mais avec Juppé – mis en cause pour avoir bénéficié et fait bénéficier à son fils d’appartements de la Mairie de Paris à bon compte et condamné dans les affaires de financement occulte du RPR – à la place de MAM, c’est le crime remplaçant l’incompétence aux Affaires Etrangères.

Ainsi vont les choses dans la République Irréprochable de Nicolas Sarkozy.

MAM, Dégage !

26 février 2011 Laisser un commentaire

Elle a tout osé : depuis l’offre de soutien « sécuritaire » au régime de Ben Ali, à l’escapade business en famille dans le jet privé d’un homme d’affaires proche du régime tunisien. Les mauvais sondages ont eu raison d’elle. Elle est désormais le maillon faible, que Sarko s’apprête à nous livrer en pâture, pour son dixième remaniement en un peu plus de 3 ans.

Pas de doute : Sarko se bonifie. Alors qu’il lui avait fallu plus de 4 mois pour se débarrasser du peu fréquentable Woerth, il aurait réussi à se séparer de MAM en moins de 2 mois. Comme quoi, plus sa cote de popularité baisse, plus il apprend le métier. Peut-être qu’à des scores proches de ceux du PC, il réussira (enfin) à donner l’illusion.

Mais Sarko restant Sarko, le débarquement de MAM tant attendu fait un peu brouillon. Annoncé hier par la presse, on suit en effet d’heure en heure le remaniement qui se prépare, sans que rien ne se décide. Aux déclarations des uns succèdent le ballet des conseillers à la Lanterne et les pronostics des journalistes. Jamais agonie de ministre n’aura duré aussi longtemps.

Heureusement, MAM, en bon petit soldat gaulliste, continue d’y croire et vient égayer cette longue et roborative séquence par un trait de son désormais légendaire humour : ainsi se dit-elle « à 100% mobilisée » , depuis le Koweït où on l’a envoyée « faire la ministre » sans risquer une quelconque émeute anti-française. Détail qui ne manquera pas de faire sourire de la part d’une ministre, dont on annonce la démission pour le lendemain.

Mais hélas, le « Ben Ali, dégage ! » crié par les populations que MAM survolait en avion et en famille à Noël semble être revenu en boomerang à la face de notre très martiale ministre. Et c’est désormais un « MAM dégage » que semblent lui signifier ses amis d’hier (Sarko le premier qui lui avait fait passer un mot de soutien en plein conseil des ministres).

Plus que quelques heures donc pour celle qui a théorisé son rôle avec le désormais célèbre : « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des affaires étrangères. » Est-ce à dire que n’étant plus ministre, MAM prendra des vacances ? Dommage alors que son ami le voyagiste tunisien n’ait plus guère le vent en poupe et que la villa achetée par ses parents et qui faisait partie d’un des projets phare de Ben Ali risque fort de rester au stade de plans. Comme la carrière de MAM ?

La diplomatie française à poil

26 février 2011 Laisser un commentaire

Et si l’image du jeune Boillon en slip de bain qui a fait le bonheur des internautes le week-end dernier n’était finalement qu’une excellente métaphore de l’état lamentable de la diplomatie française après 4 ans de sarkozysme ?

A poil. La photo de notre beau Boris en slip de bain apparaît avec le recul comme assez prémonitoire…Et si Boris, tout en abdos et torse huilé voulait nous faire passer le message suivant : « Et oui, la diplomatie française est à poil ! A poil, comme moi ! ».

Force est en effet de reconnaître que la politique étrangère française se trouve après 4 ans de sarkozysme dans un état lamentable, et que les épisodes des derniers mois réussiraient presque à faire passer Douste-Blazy – critiqué en son temps pour son peu d’expérience en la matière – pour un Kissinger français.

Mais un retour sur les épisodes précédents s’impose.

MAM : c’est elle par qui le scandale arrive. Pourtant, cette chiraquienne pur-jus droite sur ses hauts talons et éternellement drapée dans des pashminas couleur pastel  semblait – à défaut d’un quelconque génie – détenir le Graal après lequel les politiques courent : la capacité de durer. Ministre depuis 2002 sans discontinuer elle avait même été appelée pour nettoyer les Ecuries d’Augias du ministère de la Justice après le désastreux passage de la passionnaria  Dati, plus à l’aise dans les boutiques de l’Avenue Montaigne que dans ses bureaux Place Vendôme. Mission dont elle s’acquitta honorablement, il faut bien le reconnaître. Bref, la ministre au look de bonne bourgeoise sûre de ses prérogatives semblait respirer stabilité et longévité – à l’image du chêne, symbole de son micro-parti.

Tout ceci était sans compter sur la faille de MAM : sa fidélité en amitié. Fidélité d’autant plus solide que lorsqu’elle s’exerce envers des « spoliés » de régimes corrompus.

Alors, lorsque le régime sous lequel s’épanouit financièrement un ami de longue date de la famille semble sur le point de vaciller, MAM n’hésite à proposer, pashmina en bandoulière, le savoir-faire français à la police tunisienne pour «régler les situations sécuritaires». Premiers appels à démissionner de la part de députés de gauche médusés.

L’histoire aurait pu en rester là sans les révélations du Canard Enchaîné. On apprit plus tard que la ministre, et sa famille avait bénéficié lors de leurs vacances de fin d’année en Tunisie de l’hospitalité de l’ami de MAM, Aziz Miled, riche homme d’affaires tunisien associé au clan des Ben Ali – Trabelsi dans de nombreuses affaires, et dont les avoirs ont à ce titre été gelés par la Suisse.  MAM faisait donc encore plus fort que Woerth. Impériale, elle alliait au conflit d’intérêt (les largesses d’un homme d’affaires trouble envers un ministre d’Etat) l’incompétence, voire l’inconscience (le déplacement privé d’un ministre des affaires étrangères dans un pays ravagé par la guerre civile).

Mais là où le feuilleton MAM devait dépasser l’imagination, ce fut à l’annonce de la transaction immobilière qu’avaient réalisé les parents d’Alliot-Marie (92 et 94 ans au compteur respectivement – chez les Marie, le chantier de Sarko de la dépendance, ça fait doucement rire !) avec le même sulfureux ami tunisien de MAM. Sans aller jusqu’à supposer comme le laissait entendre le Canard Enchaîné que cette transaction particulièrement compliquée (l’investissement dans une SCI à l’étranger en grand secret) pût cacher un objectif non avoué d’évasion fiscale, on ne peut que rester qu’abasourdi devant l’inconscience de la ministre d’accepter d’être le témoin d’une telle opération.

La ministre tenta bien de se défendre, allant du mensonge lors de son interview au 20 Heures, à l’offense feinte (« On me salit », « Le plus triste, ce sont les conséquences pour mes pauvres parents » …). Hélas, force est de constater, au vu des derniers sondages, que les français n’ont pas plus acheté les boniments de MAM que ceux de Woerth en son temps.

Depuis, notre ministre est en sursis, persona non grata dans les voyages officiels dans les pays où justement la diplomatie française est en lambeaux.

Et il semblerait que suite aux derniers sondages désastreux, Nicolas Sarkozy, ayant finalement appris de l’affaire Woerth, ait décidé de se séparer de son encombrante ministre dès ce week-end. La seule question qui resterait encore en suspens serait le sor de Patrick Ollier, compagnon de MAM, tout autant compromis avec l’ancien régime tunisien que cette dernière, mais qui lui affiche en plus à son palmarès sa proximité affichée avec la Lybie du colonel Kadhafi…On le voit, les MAM sont devenus aux affaires étrangères ce que les Woerth étaient à L’Oréal et aux conflits d’intérêt en leur temps … En tout cas, ils qualifiaient amplement pour un rapide lâchage de la part du président.

Fillon, classe affaires sur Air Moubarak

Mais les boulets de Sarkozy dans le cadre de la politique étrangère ne s’arrêtent pas là : son premier ministre, lui-même, le soi-disant irréprochable Fillon a lui-même bénéficié des faveurs d’un dictateur déchu : il était (avec sa famille, histoire d’aggraver son cas) à Noël l’hôte de Moubarak, qui sut se montrer généreux envers notre premier ministre, puisqu’il lui paya transport (avion et bateau) et hébergement. Pas étonnant que Fillon se contente d’un laconique message soulignant la « courage » de Moubarak d’abandonner son poste, message qui en laissèrent plus d’un sans voix de la part du numéro 2 d’un pays qui se veut patrie des Droits de l’Homme.

Il est vrai que Sarkozy pouvait difficilement reprocher à son premier ministre une conduite qu’il fit sienne à plusieurs reprises : il fut en effet à deux reprises, en 2009 et 2010 à l’occasion de ses vacances de fin d’année (décidément, le Noël 2010 fut fatal à la « République Irréprochable » promise en 2007), l’hôte d’un autre grand démocrate et accapareur patenté des richesses nationales de son pays : le roi du Maroc, qui mit à disposition de Sarko et Carla un de ses palais à Marrakech…

Boillon, dégage !

Mais la Tunisie devait vite se rappeler au souvenir du président français d’une manière qui si elle n’était aussi pas pathétique pourrait faire rire.

Sarko fit en effet nommer dans ce pays, théâtre de compromissions diplomatico-immobilières qui sembleraient devoir valoir à MAM son poste, un de ses « Sarkoboys », Boris Boillon. A 41 ans, le jeune premier au physique à mi-chemin entre James Bond et un cover-boy de Têtu comptait entre autres à son actif la libération des infirmières bulgares et l’organisation de la pathétique visite du Kadhafi Circus à Paris. Le jeune homme, tout rempli de son importance et ne cachant pas son admiration pour son mentor, réussit à sa première rencontre avec des journalistes à en insulter deux, traitant leurs questions de « débiles » et assénant à des journalistes qui venaient juste de redécouvrir la liberté d’expression le très peu diplomatique :

N’essayez pas de me faire tomber sur des trucs débiles. Vous croyez que j’ai ce niveau niveau-là? Vous croyez que, moi, je suis dans la petite phrase débile?

 

 

On l’aura vu, Sarko pourra être fier de son élève : ce dernier a fait sienne la vision de la presse du président.

Sauf que les propos n’étaient pas proférés en France contre des journalistes tenus par le pouvoir, mais en Tunisie, pays qui gardait à l’esprit l’attitude de la France pendant leur révolution de jasmin ainsi que les virées de MAM. La réaction de la rue tunisienne, qui était venue à bout de bien plus coriace que du sarkophile ambassadeur bodybuildé, ne se fit pas attendre : des centaines de personnes défilèrent devant l’ambassade de France à Tunis, réclamant le départ du jeune roquet arabisant, aux cris de « Boillon, dégage ! » et autres « Casse-toi pauv’Boillon » – en référence à la très élégante et très peu diplomatique prose du maître à penser de notre jeune premier, si rapidement carbonisé.

 

 

Boillon réussissait donc une entrée fracassante dans l’histoire, par la petite porte il est vrai, comme premier ambassadeur à déclencher une manifestation contre sa propre personne et à devoir aller présenter ses excuses à la télévision. Ridicule accentué par le fait que ce jeune ambitieux se voulant le « premier ambassadeur 2.0 », laissait traîner une photo de lui – fort avantageuse au demeurant – en slip de bain sur le réseau … Les internautes et jusqu’à Marine le Pen se sont empressés de s’emparer du cliché, ajoutant le ridicule au déshonneur et finissant d’achever notre dynamique ambassadeur.

Après la diplomatie du Fouquet’s, celle du Marly

Mais la séquence ne serait complète sans une prise de hauteur et une analyse de fond sur l’état de la diplomatie française. Analyse offerte par une tribune de diplomates regroupés au sein d’un collectif dénommé « Marly » – du nom du restaurant où eurent lieu les premières réunions du groupe –  dans laquelle ces derniers tirent à boulet rouge sur la politique étrangère de Nicolas Sarkozy :

Notre politique étrangère est placée sous le signe de l’improvisation et d’impulsions successives, qui s’expliquent souvent par des considérations de politique intérieure. Qu’on ne s’étonne pas de nos échecs. Nous sommes à l’heure où des préfets se piquent de diplomatie, où les « plumes » conçoivent de grands desseins (…).

Improvisations, impulsivité, manque de cohérence : la politique étrangère de la France est défendue en flèche par ceux qui en sont pourtant les acteurs, ces derniers attribuant les échecs successifs aux conseillers de Sarko, les Guéant (« l’ancien préfet ») – Guaino (« la plume »). Ce dernier ainsi que la très discréditée MAM eurent beau répondre se fendant eux aussi d’une tribune dans le quotidien du soir, on eut beau organiser la réponse d’un autre collectif dans le Figaro – manœuvre un peu trop visible pour être convaincante –  rien n’y fit : le discrédit était là, des professionnels du métier confirmant ce que les français exprimaient de plus en plus nettement, au fur et à mesure des sondages.

A l’heure où ces lignes sont écrites se déroule un curieux manège : le débarquement de MAM est annoncé par toute la presse, Sarko, dans son squatt de la Lanterne – résidence volée au premier ministre – consulte et fait semblant de croire qu’il a encore le choix. Un dixième remaniement se prépare. Mais vu l’état du malade, il y a fort à parier que les Affaires Etrangères restent encore et pour longtemps fort étrangères à notre aspirant président.

Tout ça pour ça

25 novembre 2010 Laisser un commentaire

Une montagne qui accouche d’une souris, voilà qui résume assez bien l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, après  6 mois d’atermoiements de la part du président et d’épreuves de concours de beauté de la part des ministres.

Comme souvent chez Sarko, le remaniement fut annoncé à la va-vite, sans que ce dernier sache vraiment en quoi il allait consister. Mais qu’importe, l’objectif premier du président était comme souvent de faire de la comm’ et d’alléger la pression sur un ministre en charge d’une réforme majeure du quinquennat mais aussi empêtré dans des soupçons de conflits d’intérêt dans l’affaire Bettencourt (sans parler de certaines enveloppes Kraft échangées en 2007).

S’ensuivirent plusieurs mois assez pénibles d’immobilité gouvernementale et de concours de beauté et de danses des sept voiles de la part des ministres et premier-ministrables. Nous eûmes successivement Baroin et les jeunes quadras, MAM (dont la période de grâce fut aussi bref que le passage d’un Rafale), Borloo – que l’alcool aurait pu faire trébucher mais qui finalement fut victime de la pénurie d’essence lors des grèves, et ce malgré une nouvelle coupe de cheveux hautement médiatisée en guise de programme.

Résultat, 6 mois après l’effet d’annonce du président : le même premier-ministre accompagné de ses mêmes « poids-lourds » pour mener ce qu’on essaie de nous faire passer comme une « autre politique ».

Mais aussi des laissés pour compte : les centristes notamment, qui au grand dam de Sarkozy s’agitent pour exister indépendamment de l’UMP et pourraient bien être sources de problème en 2012.

Ce gouvernement marque aussi le grand retour en force du RPR, avec des pointures comme Juppé, MAM, Baroin. On s’étonnera au passage que personne en France ne se soit ému du retour aux affaires de Mr Juppé, condamné dans l’affaire des emplois fictifs du RPR. La République Irréprochable du candidat Sarkozy se révèle être une notion à géométrie de plus en plus variable au fur et à mesure que 2012 se rapproche.

Autre promesse du candidat tombée aux oubliettes : la discrimination positive. En effet, avec Fillon2, c’est deux gadgets de choix icônes de la discrimination positive que l’on sacrifie : Fadela Amara (dont la famille sera obligée de trouver un autre logement que l’appartement de fonction de cette dernière), et Rama Yade (qui va enfin pouvoir vivre son rêve d’être dans l’opposition et dire tout le mal qu’elle pense de la politique de Sarko).

En échange, Sarko nous gratifie de Jeannette Bougrab – déjà célèbre pour avoir tenté de doubler son salaire à la Halde. Jeannette, c’est l’illustration même de la doctrine Sarko de la récompense de l’excellence et du succès :  battue à plates coutures lors de l’élection législative dans la 18e circonscription de Paris malgré le soutien de personnalités comme David Douillet, Luc Ferry et Alexandre Adler, elle est ensuite nommée au départ de Louis Schweitzer présidente de la Halde, où elle réussit en moins de 7 mois à s’illustrer par le désordre qu’elle fit régner dans l’institution, et par le cinglant désaveu que lui opposa son propre service juridique dans l’affaire – très médiatisée – de la crèche Baby Loup.

On notera aussi d’un côté la disparition du ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale – le félon Besson filant à l’Economie se racheter une conduite – de l’autre le retour remarqué du regroupement familial, Sarko offrant dans sa grande générosité à MAM le plaisir de travailler à côté de son compagnon, Patrick Ollier. Une première en France et peut-être dans le monde dont on ne peut que questionner l’intérêt.

Hélas, ce gouvernement est loin de convaincre : 64 % des Français ne lui font « pas confiance » et 89 % pensent qu’il va poursuivre la politique qui a été menée depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, en 2007.

Alors, vogue la galère, direction 2012 !

Sarko, héros de « Potiche » malgré lui

14 novembre 2010 Laisser un commentaire

François Ozon a glissé quelques références à Sarko dans son dernier film « Potiche ».

Sortie cette semaine du dernier film d’Ozon, « Potiche » qui voit Catherine Deneuve en grande forme jouer une femme bourgeoise qui sort de sa prison dorée pour prendre sa revanche sur son mari et la société.

Fabrice Luchini y interprète le rôle de son mari, patron d’une usine de parapluies, homme médiocre, rétrograde et irascible. Dans la bouche duquel Ozon s’est plu à glisser quelques répliques cultes de la geste sarkozienne, de « Travailler plus pour gagner plus », à « Casse-toi pauv’con ».

On a la postérité que l’on mérite.

De français, le « problème » devient mondial

13 novembre 2010 Laisser un commentaire

Grand jour pour Sarko qui a pris, après le sommet de Séoul, la tête du G20 pour un an.

Jour de gloire pour notre monarque national : parti simple président français de Paris, Sarko y est revenu maître du monde, à bord de son nouvel « Air Sarko One » et les clés du G20 en poche.

G20 SARKO

Pour filer une métaphore qui a fait parler cette semaine, le « problème » français serait donc devenu mondial. Et la planète entière va découvrir la méthode sarkozyste, subtil mélange de communication à outrance, d’agitation stérile souvent confondue avec du volontarisme, et finalement de désordre généralisé.

Le président – à moins d’un tiers d’opinions positives – compte d’ailleurs sur la séquence internationale qui s’ouvre (la présidence du G20 sera doublée de celle du G8) pour redorer son blason à l’approche de 2012.

La première décision de l’homme du Fouquet’s a été le choix du lieu de la prochaine rencontre du G20, qui se tiendra en 2011 à Cannes, destination bling-bling par excellence. On ne se refait pas…

Ce dernier a inscrit au programme de la présidence française les thèmes suivants : la régulation monétaire, la stabilisation des cours des matières premières et la réforme de la gouvernance des institutions internationales.

Vaste programme déjà jugé trop ambitieux par de nombreux commentateurs, notamment la presse anglo-saxonne, ici le International Herald Tribune :

De plus, les grandes ambitions de Sarko ont généralement explosé sous la pression de leur excès. Son projet d’Union pour la Méditerranée, où la France devait avoir le rôle clé dans une quasi-confédération rassemblant pays arabes et pays de l’Europe du Sud, n’a abouti à rien.

Les motivations de M. Sarkozy sont sans doute un mélange de sincérité et d’ambition, ajoutés à la réalité d’une réélection délicate en 2012.

Quand on voit l’ampleur de la tâche à accomplir, il est en effet facile de douter de la capacité de notre hyperprésident à réformer le système financier international mondial, lui qui nous avait déjà promis d’aller « chercher la croissance avec les dents ». On connaît le résultat.

Air Sarko One : le caprice de Sarkozy à 180 millions d’euros

12 novembre 2010 Laisser un commentaire

Ca y est : le nouveau caprice de Sarko vient d’être livré. Retour sur un caprice à 176 millions d’euros.

176 millions d’euros, c’est ce qu’il en aura coûté pour satisfaire la mégalomanie et soigner les complexes du « problème » de la France.

176 millions d’euros, dont près de 90 millions consacrés à l’intérieur du futur avion présidentiel (détail des coût donné dans  un rapport parlementaire). Une vraie bonne affaire puisque le coût de fonctionnement des voyages présidentiels s’envole : de 4,1 millions d’euros pour 1 400 heures de vol par an pour les précédents appareilsà …10 millions d’euros par an pour une moyenne de 700 heures de vol pour la nouvelle merveille volante. La façon de Nicolas Sarkozy de participer à l’effort national de réduction des déficits.

Pas étonnant que l’Airbus présidentiel, devenu symbole du bling-bling présidentiel (voir le sketch des Guignols ci-dessous) ait déjà pas mal fait parler de lui avant même d’avoir réalisé son premier vol d’essai.

Nous eûmes tout d’abord droit à cette question fondamentale : l’avion présidentiel disposerait-il d’une baignoire sabot pour les ablutions du monarque ?

Cette baignoire sabot fut d’ailleurs à l’origine d’un incident symptomatique des relations de force entre les medias et le président. En effet, un journaliste de RTL fut ainsi contraint de s’excuser après avoir commis un reportage humoristique sur ladite baignoire, reportage vécu comme un crime de lèse-majesté en haut lieu. Un coup de force rarement vu sous la Ve République. Cette affaire fut jugée tellement sensible que c’est Franck Louvrier lui-même, conseiller en communication de son excellence, qui se chargea du sale boulot d’obtenir les excuses.

Il faudra désormais s’y faire : en France, quand on n’écoute pas les journalistes, on les somme de s’excuser. Encore un effort et nous rattraperons Poutine sur ce sujet.

Vinrent ensuite les rumeurs sur la présence à bord d’un four à pizza (sic), ou d’une cafetière à 25 000 euros.

Puis ce fut le tour des humoristes de se déchaîner sur le nouveau jouet qui allait permettre à Sarko de « faire » président. Les Guignols livrèrent un sketch assez réaliste (ci-dessous) où l’on voit Sarko en nouveau beauf bling-bling et Carla à bord d’Air Sarko One en route pour Dubaï dépassant Obama à bord, lui, d’Air Force One. Laurent Gerra sur RTL, à peine plus éloigné de la réalité, imagine quant à lui dans l’avion présidentiel des miroirs dans la chambre à coucher, une cheminée avec peaux de bêtes et …une valise Vuitton pour les codes nucléaires.

Décidément, on n’a pas fini de parler d’Air Sarko One…qu’il faudra songer à rebaptiser quand les français auront  renvoyé Sarko à Neuilly.

Sarko, un président petit par la taille, grand par les oreilles

11 novembre 2010 3 commentaires

On croyait la pratique tombée en désuétude. Il n’en est rien, et les écoutes de journalistes prospèrent sous Sarko.

Ecoutes de Journalistes

A chaque changement de majorité, les nouveaux arrivants promettent de mettre fin à la pratique. Il semblerait que sous Sarko, les écoutes de journalistes au profit du pouvoir ne se soient jamais mieux portées, entre identifications des sources, suspicion de mise en place d’une cellule dédiée et contournement de lois existantes pour faciliter le procédé.

Les écoutes ont commencé avec la comédie de boulevard que fut l’affaire sur les tensions supposées au sein du couple présidentiel. Rachida Dati, soupçonnée d’être à l’origine de ces bruits, a été mise sur écoute, et envisage même de porter plainte à ce tire (voir video à partir de 4’32).

Mais c’est l’affaire Woerth-Bettencourt qui a vraiment relancé le débat sur la mise sous surveillance des journalistes, dans le but d’identifier et de confondre leurs sources – pourtant protégée par une loi de Janvier 2010 à l’initiative de François Fillon. On a ainsi appris que les « fadettes » (relevés téléphoniques) de certains journalistes avaient été demandées aux opérateurs par la DCRI et le procureur Courroye (voir article), en toute illégalité. Le Monde a porté plainte suite à ces actions, sans succès puisque le procureur de Paris, en charge de l’affaire, s’est vu opposer le secret-défense par la DCRI refusant de livrer les détails des éléments recueillis lors des examens des fadettes.

Ecoutes de l'Elysée

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Et il semblerait que l’enquête de la DCRI dans l’affaire Woerth-Bettencourt ne soit que le haut de l’iceberg, Le Canard Enchaîné affirmant dans ses éditions de cette semaine et de la semaine dernière qu’une cellule d’espionnage des journalistes avait été constituée à la DCRI, sur demande de Nicolas Sarkozy lui-même. Dans son édition de cette semaine, l’hebdomadaire va encore plus loin, allant même jusqu’à parler de « conspiration » destinée à simplifier le travail des enquêteurs de la police en passant outre la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) pour obtenir des renseignements sur les appels passés par les journalistes, par l’intermédiaire des fadettes.

Toujours suivant Le Canard, le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant aurait ainsi organisé en septembre 2009 une réunion de crise à ce sujet avec des représentants de la DCRI, un membre du cabinet du Premier ministre François Fillon et un conseiller de Nicolas Sarkozy. Deux mois plus tôt, la CNCIS avait rappelé à l’ordre les opérateurs téléphoniques en leur rappelant que son autorisation était indispensable.

Il aurait été décidé lors de cette réunion de faire valoir un « intérêt supérieur de l’Etat » pour se passer d’autorisations, et de contourner par une interprétation audacieuse la loi de 1991 qui ne prévoit cette dérogation que dans certains cas limités d’écoutes ou de surveillance hertziennes.

L’Elysée aurait ensuite nommé en octobre 2009 Hervé Pelletier, un président de la CNCIS plus « accommodant » que le précédent. L’homme surnommé à l’Elysée « Avec lui, jamais de pépin » (sic !) doit une partie de sa carrière à Sarko, qui a notamment appuyé sa candidature à la Cour de Cassation. Sur ordre de l’Elysée, il fait adopter en catimini la nouvelle interprétation de la loi, lors d’un vote technique le 21 janvier 2010. Depuis, la police examine sans autorisation les factures détaillées de téléphone des journalistes, affirme Le Canard. Pure coïncidence, les demandes de transmission des données d’appels des journalistes seraient en augmentation constante depuis deux ans, aux dires d’un porte-parole de France Telecom.

Enfin, la thèse de la surveillance institutionnalisée des journalistes semble être accréditée par une note adressée au Ministère de l’Intérieur à laquelle France Info a pu avoir accès et classée « confidentiel défense » émanant de Matignon rappelant que se procurer directement des factures détaillées auprès des opérateurs de téléphone. Un rappel à la loi qui sonne comme un démenti cinglant envers tous les cadors de la majorité qui proclamaient encore la semaine dernière la main sur le coeur que jamais dans la République Irréprochable de Nicolas Sarkozy de telles pratiques pouvaient avoir lieu.

Villepin, Goncourt de la politique

11 novembre 2010 Laisser un commentaire

On a les opposants que l’on peut. De Gaulle eut son François Mitterrand, Sarkozy a son Villepin. Dernière sortie du meilleur ennemi du président : Nicolas Sarkozy serait le « problème de la France ».

Chacun célèbre les 40 ans de la mort du Général à sa façon. Sarko va lire à Colombey un discours écrit par Guaino, tentant désespérément dans une mise en scène qui n’a trompé que lui à se poser en héritier du gaullisme.

L’autre lance une véritable « blitzkrieg » contre le monarque en place. Un livre, plusieurs interviews, une formule choc, tel sont les armes de Villepin.

L’offensive commence par un livre « L’esprit de Cour », dans lequel Dominique de Villepin critique violemment le mode de gouvernement de Nicolas Sarkozy, lui reprochant notamment d’avilir la fonction présidentielle et de s’entourer d’une cour servile et apeurée. Dans les mots de l’ancien premier ministre :

Il (Nicolas Sarkozy) a fait ainsi prospérer une cour invraisemblable de perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage, de flatteurs impénitents, de roseaux plus penchés que pensants qui ne vivent qu’à travers le regard du prince. (…) Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image. Elle a la peur comme moyen, l’argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique.


Le deuxième volet de l’offensive a consisté en une sortie qui a marqué le week-end, scandalisant l’UMP et forçant les ministres en poste soucieux d’être reconduits à réagir :

Nicolas Sarkozy est aujourd’hui un des problèmes de la France. Il est temps que la parenthèse que nous vivons depuis 2007 soit refermée. Les résultats ne sont pas là, notre pays est amoindri, nous sommes divisés, nos principes sont affectés, et nous devons nous consacrer à l’essentiel.

Succès assurée pour cette tirade anti-Sarko, que l’ex-premier ministre ne s’est pas privé de réitérer au cours de ses apparitions médiatiques ultérieures. La formule restera en tout cas comme une des plus réussies et des plus cinglantes de l’année 2010.

Preuve que Villepin, quoique seul, isolé, et sans parti, n’a rien perdu de sa superbe et reste – du moins en ce qui concerne l’éloquence – le meilleur ennemi de notre monarque.