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La lettre de démission de MAM : après l’incompétence, le ridicule

27 février 2011 1 commentaire

Sacrée MAM ! Elle nous avait bien fait rire avec ses escapades tunisiennes, les investissements immobiliers de ses parents et ses incessantes contradictions. Mais sa lettre de démission pourrait bien être le summum du ridicule de l’épisode MAM.

On hésite entre la fierté mal-placée ou l’aveuglement. Mais le fait est que MAM ne comprend toujours pas ce qui lui arrive. Témoin la lettre de démission qu’elle a enfin accepté de remettre à Nicolas Sarkozy.

Elle commence tout d’abord par réaffirmer sa droiture et sa moralité. Les tunisiens qu’elle se proposait de « sécuriser » avec l’aide de la France apprécieront :

(J’ai veillé) dans mes fonctions comme dans mon comportement personnel, à toujours respecter les exigences, non seulement de la légalité, mais aussi de la dignité, de la moralité et de la loyauté.

Puis vient le couplet sur le thème de l’innocente victime traînée dans la boue par les méchants media, qui n’hésitent pas aussi à salir papa et maman MAM, tout de même en affaires avec un proche du dictateur tunisien :

je suis la cible d’attaques politiques puis médiatiques véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. Depuis quinze jours, c’est ma famille qui subit de la part de certains médias un véritable harcèlement dans sa vie privée, pour tenter d’y chercher de quoi m’affaiblir à défaut de l’avoir trouvé chez moi.

MAM de continuer, toujours pleine d’humour ou totalement aveugle, en affirmant que ses multiples casseroles n’entravent en rien sa capacité à mener la politique étrangère de la France, elle qui est devenue en quelques semaines persona non grata en Tunisie et que l’on envoie se faire oublier au Brésil ou au Koweït.

Cette campagne n’entrave en rien mes relations avec mes partenaires internationaux ni ma capacité à remplir la mission que vous m’avez confiée,

Mais devant bien trouver une raison à sa démission, celle qui s’estime injustement salie avoue que son geste n’est guidé que par sa loyauté et son amitié pour Nicolas Sarkozy. Touchante attention que l’intéressé appréciera.

J’ai une trop grande loyauté et amitié à votre égard pour accepter que votre action internationale puisse, en quoi que ce soit, en souffrir.

Toujours aussi aveuglée (par le soleil du désert tunisien ?) sur son propre compte, MAM, réfutant avoir commis un « quelconque manquement » en vient enfin à la conclusion, évidente pour tous sauf pour elle :

Bien qu’ayant le sentiment de n’avoir commis aucun manquement, j’ai donc décidé de quitter mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et européennes.

Conclusion : si MAM – désormais à la retraite – ne passe pas à la postérité pour son action au gouvernement, avec une telle lettre, elle se qualifie sans problème au panthéon du ridicule politique.
L’intégralité de la lettre de démission de MAM : ici.

MAM, démobilisée à 100%

27 février 2011 Laisser un commentaire

Elle se sera accrochée jusqu’au bout, mettant autant d’énergie à se maintenir qu’elle était prête à en mettre pour soutenir le régime de son ami Ben Ali. Mais ça y est, remplacée par un Juppé en embuscade pour qui les erreurs de sa confrère sont une aubaine inespérée, MAM n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Ca y est : la diplomatie Pashmina et couleurs pastel a rendu son dernier souffle.

Il faut dire qu’elle aura lutté jusqu’au bout, notre ex-ministre, nous offrant quelques épisodes risibles, s’il n’en étaient pas pathétiques.

La veille de son limogeage, cette dernière, envoyée loin de la tourmente au Koweït, affirmait ainsi être « mobilisée à 100% », montrant ainsi autant de clairvoyance dans les dernières heures que son ami Ben Ali ou l’ami de son mari Kadhafi.

Mais la pantomime a quand même culminé avec cet article du Figaro, en date du 26/02 affirmant que si Sarko avait pris sa décision, le plus difficile restait à faire pour lui : annoncer la nouvelle à sa ministre, qui ne comprenait toujours pas ce qu’on lui reprochait.

Reste le plus dur pour le chef de l’Etat : annoncer à Michèle Alliot-Marie qu’elle doit quitter le gouvernement. Et décider si son compagnon, Patrick Ollier, doit lui aussi quitter le ministère des Relations avec le Parlement. «Elle n’est pas du tout dans cette disposition d’esprit. Elle ne comprend pas ce qu’on lui reproche, et elle se considère victime d’une cabale», confiait hier un ministre.

Comme quoi, MAM, à trop fréquenter les lignes privées d’amis de dictateurs, a fini par raisonner comme eux, adoptant la même ligne de défenses qu’un Moubarak ou un Ben Ali, chassés par leurs peuples. Il faut dire à la décharge de cette dernière que Woerth ne fut pas plus réaliste qu’elle, affirmant jusqu’à la veille du remaniement de novembre à qui voulait bien l’entendre que Sarko lui aurait promis un maroquin.

Mais la cécité semble être héréditaire chez les MAM. Ainsi, le propre père de la ministre n’a pas hésité, à plus de 90 ans, à voler au secours de sa fille – la famille, c’est sacré chez les MAM – déclarant sur RTL qu’il ne voyait « absolument aucune faute à reprocher » à sa fille. Soutien plus embarrassant qu’utile, les achats immobiliers en Tunisie de son père ayant largement contribué à la chute de MAM.

«TIENS BON ! Tes amis sont avec toi. N. S.»

A son corps défendant, il faut toutefois avouer que MAM fut aussi victime de l’inconstance de Nicolas Sarkozy qui lui adressait le 16 février dernier un mot de soutien en plein conseil des ministres. Ce mot, MAM s’y accrochait jusqu’au bout, le montrant à ses visiteurs quelques jours avant son limogeage. Las, il ne fallut à Nicolas Sarkozy que 10 jours pour se dédire et à cette démonstration publique de soutien pour se transformer en baiser de la mort pour la ministre déjà exsangue. Ironie du sort, 10 jours c’est à peu près ce qu’il fallut aux peuples tunisien et égyptien pour se débarrasser de leurs monarques fossilisés. MAM, désormais 100% démobilisée, aura tout le temps de méditer sur l’impermanence des choses et l’inconstance des hommes avec ses amis exilés.

Mais avec Juppé – mis en cause pour avoir bénéficié et fait bénéficier à son fils d’appartements de la Mairie de Paris à bon compte et condamné dans les affaires de financement occulte du RPR – à la place de MAM, c’est le crime remplaçant l’incompétence aux Affaires Etrangères.

Ainsi vont les choses dans la République Irréprochable de Nicolas Sarkozy.

MAM, Dégage !

26 février 2011 Laisser un commentaire

Elle a tout osé : depuis l’offre de soutien « sécuritaire » au régime de Ben Ali, à l’escapade business en famille dans le jet privé d’un homme d’affaires proche du régime tunisien. Les mauvais sondages ont eu raison d’elle. Elle est désormais le maillon faible, que Sarko s’apprête à nous livrer en pâture, pour son dixième remaniement en un peu plus de 3 ans.

Pas de doute : Sarko se bonifie. Alors qu’il lui avait fallu plus de 4 mois pour se débarrasser du peu fréquentable Woerth, il aurait réussi à se séparer de MAM en moins de 2 mois. Comme quoi, plus sa cote de popularité baisse, plus il apprend le métier. Peut-être qu’à des scores proches de ceux du PC, il réussira (enfin) à donner l’illusion.

Mais Sarko restant Sarko, le débarquement de MAM tant attendu fait un peu brouillon. Annoncé hier par la presse, on suit en effet d’heure en heure le remaniement qui se prépare, sans que rien ne se décide. Aux déclarations des uns succèdent le ballet des conseillers à la Lanterne et les pronostics des journalistes. Jamais agonie de ministre n’aura duré aussi longtemps.

Heureusement, MAM, en bon petit soldat gaulliste, continue d’y croire et vient égayer cette longue et roborative séquence par un trait de son désormais légendaire humour : ainsi se dit-elle « à 100% mobilisée » , depuis le Koweït où on l’a envoyée « faire la ministre » sans risquer une quelconque émeute anti-française. Détail qui ne manquera pas de faire sourire de la part d’une ministre, dont on annonce la démission pour le lendemain.

Mais hélas, le « Ben Ali, dégage ! » crié par les populations que MAM survolait en avion et en famille à Noël semble être revenu en boomerang à la face de notre très martiale ministre. Et c’est désormais un « MAM dégage » que semblent lui signifier ses amis d’hier (Sarko le premier qui lui avait fait passer un mot de soutien en plein conseil des ministres).

Plus que quelques heures donc pour celle qui a théorisé son rôle avec le désormais célèbre : « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des affaires étrangères. » Est-ce à dire que n’étant plus ministre, MAM prendra des vacances ? Dommage alors que son ami le voyagiste tunisien n’ait plus guère le vent en poupe et que la villa achetée par ses parents et qui faisait partie d’un des projets phare de Ben Ali risque fort de rester au stade de plans. Comme la carrière de MAM ?

Tout ça pour ça

25 novembre 2010 Laisser un commentaire

Une montagne qui accouche d’une souris, voilà qui résume assez bien l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, après  6 mois d’atermoiements de la part du président et d’épreuves de concours de beauté de la part des ministres.

Comme souvent chez Sarko, le remaniement fut annoncé à la va-vite, sans que ce dernier sache vraiment en quoi il allait consister. Mais qu’importe, l’objectif premier du président était comme souvent de faire de la comm’ et d’alléger la pression sur un ministre en charge d’une réforme majeure du quinquennat mais aussi empêtré dans des soupçons de conflits d’intérêt dans l’affaire Bettencourt (sans parler de certaines enveloppes Kraft échangées en 2007).

S’ensuivirent plusieurs mois assez pénibles d’immobilité gouvernementale et de concours de beauté et de danses des sept voiles de la part des ministres et premier-ministrables. Nous eûmes successivement Baroin et les jeunes quadras, MAM (dont la période de grâce fut aussi bref que le passage d’un Rafale), Borloo – que l’alcool aurait pu faire trébucher mais qui finalement fut victime de la pénurie d’essence lors des grèves, et ce malgré une nouvelle coupe de cheveux hautement médiatisée en guise de programme.

Résultat, 6 mois après l’effet d’annonce du président : le même premier-ministre accompagné de ses mêmes « poids-lourds » pour mener ce qu’on essaie de nous faire passer comme une « autre politique ».

Mais aussi des laissés pour compte : les centristes notamment, qui au grand dam de Sarkozy s’agitent pour exister indépendamment de l’UMP et pourraient bien être sources de problème en 2012.

Ce gouvernement marque aussi le grand retour en force du RPR, avec des pointures comme Juppé, MAM, Baroin. On s’étonnera au passage que personne en France ne se soit ému du retour aux affaires de Mr Juppé, condamné dans l’affaire des emplois fictifs du RPR. La République Irréprochable du candidat Sarkozy se révèle être une notion à géométrie de plus en plus variable au fur et à mesure que 2012 se rapproche.

Autre promesse du candidat tombée aux oubliettes : la discrimination positive. En effet, avec Fillon2, c’est deux gadgets de choix icônes de la discrimination positive que l’on sacrifie : Fadela Amara (dont la famille sera obligée de trouver un autre logement que l’appartement de fonction de cette dernière), et Rama Yade (qui va enfin pouvoir vivre son rêve d’être dans l’opposition et dire tout le mal qu’elle pense de la politique de Sarko).

En échange, Sarko nous gratifie de Jeannette Bougrab – déjà célèbre pour avoir tenté de doubler son salaire à la Halde. Jeannette, c’est l’illustration même de la doctrine Sarko de la récompense de l’excellence et du succès :  battue à plates coutures lors de l’élection législative dans la 18e circonscription de Paris malgré le soutien de personnalités comme David Douillet, Luc Ferry et Alexandre Adler, elle est ensuite nommée au départ de Louis Schweitzer présidente de la Halde, où elle réussit en moins de 7 mois à s’illustrer par le désordre qu’elle fit régner dans l’institution, et par le cinglant désaveu que lui opposa son propre service juridique dans l’affaire – très médiatisée – de la crèche Baby Loup.

On notera aussi d’un côté la disparition du ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale – le félon Besson filant à l’Economie se racheter une conduite – de l’autre le retour remarqué du regroupement familial, Sarko offrant dans sa grande générosité à MAM le plaisir de travailler à côté de son compagnon, Patrick Ollier. Une première en France et peut-être dans le monde dont on ne peut que questionner l’intérêt.

Hélas, ce gouvernement est loin de convaincre : 64 % des Français ne lui font « pas confiance » et 89 % pensent qu’il va poursuivre la politique qui a été menée depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, en 2007.

Alors, vogue la galère, direction 2012 !