La France pointée du doigt par l’ONU pour « xénophobie »
La France montrée du doigt pour « xénophobie » par l’ONU. Dans la « République Irréprochable » de Nicolas Sarkozy ?
Les émissaires du gouvernement français répondaient jeudi 12 août à Genève aux questions des experts du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (CERD) qui ont dénoncé « une recrudescence » des actes racistes dans le pays dans le cadre du processus de passage en revue des politiques envers les minorités.
Une épreuve qualifiée par un membre de la Ligue des droits de l’homme ayant assisté à la réunion de « passage sur le grill » tant les membres du Comité avaient de choses à reprocher à la France et à son gouvernement.
Les 18 experts du comité – particulièrement au fait de l’actualité politique nationale – n’ont pas mâché leurs mots pour s’inquiéter du traitement fait aux gens du voyage ainsi qu’aux Roms. Ils ont dénoncé le débat sur l’identité nationale, instauré par le gouvernement, ainsi que la déchéance de la nationalité pour des criminels d’origine étrangère réclamée par le président Nicolas Sarkozy fin juillet.
Les représentants français, interrogés sur le projet de déchéance de la nationalité, se sont abstenus, estimant impossible de commenter un projet de loi dont les contours n’ont pas été encore définis.
Les experts se sont globalement montrés très sévères sur la situation en France. On ne peut pas accuser le Rapporteur spécial de la session, l’Américain Pierre-Richard Prosper de politiquement-correct, lui qui a déclaré à l’issue du huis-clos que le plus grand obstacle à la lutte contre le xénophobie et le racisme en France était « une vraie volonté politique » !
Un autre membre de la commission, Ewomsan Kokou, a quant à lui qualifié la situation en France de très préoccupante, insistant sur l’aggravation du phénomène :
La France est confrontée à une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie.
Plusieurs dirigeants d’associations et d’ONG ont réagi, approuvant les conclusions des experts. Ainsi Alain Jakubowicz, président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), déclarant à l’AFP :
Je suis triste de voir la France épinglée et montrée du doigt de la sorte. Mais il faut dire que la plupart des critiques et reproches sont fondés (…) Je ne sais pas s’il y a une augmentation du racisme, mais on constate une libération de la parole et des actes. Le facteur déclencheur majeur a été le débat sur l’identité nationale (…) Les Roms sont devenus un exutoire.
Pour mémoire, la France s’était déjà fait rappeler à l’ordre en juin dernier par le Conseil de l’Europe qui s’était inquiété d’un climat de « xénophobie ». Le rapport dénonçait violemment les dérives de certains hommes politiques et membres du gouvernement, les rendant responsables de la poussée de xénophobie :
Plusieurs propos tenus notamment sur les questions d’immigration et d’intégration par les responsables politiques, y compris par des élus et des membres du gouvernement, ont été ressentis comme encourageant l’expression du racisme et particulièrement de la xénophobie.
Un bel accord des experts, que l’on aurait hélas souhaité voir moins alarmants à ce sujet.
Heureusement, les sondages IFOP du Figaro – réalisés sur des échantillons aussi fiable que le mois d’août est un mois de forte activité – sont formels : le racisme n’a pas évolué, il s’agit simplement de répondre à la demande légitime des citoyens d’en-bas (vous vous souvenez de l’ex-vendeur de café qui sortait autant dfe bêtises à la semaine que Bush à la journée ?)…..
Verbatim : JF Kahn sur « le voyou de la République »
Après les attaques de la droite, place à la défense : JF Kahn s’exprimait sur RMC au sujet de la couverture de Marianne de cette semaine.
Le fondateur de Marianne a longuement expliqué le choix de la couverture de Marianne :
Pourquoi voyou ? Je vous explique : après les mesures annoncées à Grenoble, c’est-à-dire jusqu’à deux ans de prisons pour les parents d’enfants instables, qu’il y a deux catégories de Français, de souche et d’origine étrangère, et donc pas forcément les mêmes peines… Il y a eu des réactions sur Sarkozy : Pétainiste, vichyste, facho, raciste, xénophobe ! Dans cet article, je dis : ce n’est pas vrai… Il n’est pas raciste, pétainiste xénophobe, anti–immigrés ! Peut–être je me trompe, mais je le pense ! La référence à Pétain est certes fondée parce qu’ils ont décidé (l’UMP) de faire voter une loi de Vichy. Alors, on pourrait le dire… Et bien je ne le dirai pas, parce que je ne le crois pas.
Mais en revanche, dans le fond Sarkozy c’est un type qui, pour conquérir le pouvoir, ou pour garder le pouvoir avec talent, est capable de tout ! Rien ne l’arrête. Aucun impératif idéologique, dogmatique, éthique, moral. S’il faut dire des choses, comme Le Pen, il les dit. Mais s’il faut dire la même chose que Besancenot… Il le dit aussi ! S’il faut pour gagner, faire de l’ultra libéralisme, il le fait. S’il faut faire de l’étatisme, il le fait aussi. C’est ça l’idée, c’est ça un voyou !
C’est un type qui parle comme un voyou, qui dit « casse toi pauv’ con ».
Il parle toujours de faire la guerre, comme si c’était une bande contre une autre. Et puis cette façon de dire, que pour gagner, « tous les moyens sont bons. Qu’est ce qu’il faut dire, qu’est ce que les gens veulent ? Ah ben on va le dire ! » Pour conserver le pouvoir, il est capable de tout, exactement comme les caïds des cités de banlieues.
Pour retrouver l’intégralité de l’interview de Jean-François Kahn en podcast, cliquez ici
L’article de Jean-François Kahn dans Marianne.
Sarko, voyou de la République ? (suite)
C’est après les déclarations de Nicolas Sarkozy le « hit » de l’été : la Une de Marianne qualifiant Sarko de « voyou de la République » suite à ses sorties sécuritaires. Jean-François Kahn réussit là un véritable tour de force, reléguant presque au second plan les déclarations du président. Suite des réactions, après les cris d’orfraie de Nadine Morano et d’Alain Marleix.
Le premier à réagir a été Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes, sur l’air de Vichy et de la presse des années 30 – thème décidemment très à la mode cet été :
Il est paradoxal de dénoncer les dérives vichystes en utilisant les méthodes de la presse d’extrême droite d’avant-guerre.
On rappellera que Lionnel Luca s’est déclaré pour la peine de mort pour certains crimes, qu’il a demandé l’abrogation d’un article de loi sur l’enseignement de l’esclavage, et qu’il a été l’année dernière à l’origine de la polémique autour du film « Hors-la-loi », qu’il n’a pas hésité à qualifier de « négationniste » et « d’anti-français »…
Nadine Morano est elle-même revenue à la charge sur RTL, demandant des excuses à Jean-François Kahn :
Lorsqu’on est journaliste et qu’on écrit dans un magazine qui s’appelle Marianne, qui est un de nos symboles de la République (…) et qu’on utilise des propos tels qu’il a été utilisé à la une de Marianne, c’est simple: soit on change de nom, soit on présente des excuses publiques, parce que ce n’est pas acceptable. C’est antirépublicain et on ne peut pas véhiculer des valeurs antirépublicaines en utilisant le nom de Marianne. Les journalistes de Marianne sont en train de salir un des symboles de la République.
Notons enfin la passe d’armes entre Patrick Ollier, député UMP des Hauts-de-Seine et le directeur de la publication de Marianne, Maurice Szafran. Le député n’a pas hésité à évoquer la loi sur la liberté de la presse, estimant que :
(Marianne) dépasse aujourd’hui ce que peut autoriser la liberté de la presse en France (…) Par cela, M. Kahn s’est conduit en voyou de la presse.
Ce à quoi Maurice Szafran lui a répondu – non sans humour – qu’il lui suggérait d’aller « demander à Nicolas Sarkozy de porter plainte contre Marianne ».
Aux dernières nouvelles, pas d’attaque en justice de la part de Chouchou, que l’on sait grâce à TF1 trop occupé à faire du vélo et se régaler des beignets de Ginette (cf. video au bas de l’article).
Eric Ciotti, le Monsieur Sécurité de l’UMP à l’oeuvre pour concocter les prochains projets de loi sur la nationalité et la sécurité, se devait d’intervenir – ce qu’il fit dans l’organe de presse de l’UMP (Le Figaro) :
Marianne? Ce n’est plus un journal aujourd’hui, même pas un tract. Marianne a gravi un échelon de plus dans l’outrance, tout cela à des fins commerciales.
Le parti socialiste quant à lui – même s’il n’approuve pas le terme de « voyou » – renvoie la faute sur la surenchère verbale à laquelle s’est livré Nicolas Sarkozy depuis son élection. Le député PS Claude Barolome rappelle ainsi dans Franc Soir que :
(…) depuis qu’il est au pouvoir, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse d’insulter ici un pêcheur, là un agriculteur, ou encore les habitants des quartiers. Un tel comportement n’est pas sans conséquences graves sur l’image de notre République et de ses dirigeants. Le président porte une grande part de responsabilité dans cette dérivé verbale.
Enfin, notons que l’Express – certainement en panne d’inspiration en ce mois d’août – consacre un plein article aux réactions des internautes à la couverture…
On l’aura compris, le débat progresse. Vivement le retour de Nico !
« Sarko, voyou de la République ? » : Emoi à droite
La couverture de Marianne sur Nicolas Sarkozy réveille à droite des pudeurs que l’on aurait aimé voir se manifester suite aux déclarations lepénistes du président.
Marianne frappe fort en cette torpeur aoûtienne et titre « Le voyou de la République », avec un portrait menaçant de Sarko en couverture.
Les réactions n’ont pas tardé et les mêmes qui ont applaudi aux mesures sécuritaires de leur grand homme, que ce soit l’expulsion des Roms ou la déchéance de nationalité de jouer les vierges effarouchées et de défendre le président.
La première à intervenir fut l’ineffable Nadine Morano, hier en guerre contre une presse « fasciste », déclarant:
Mais une telle couverture, je trouve que c’est grave. Où est le respect envers le chef de l’Etat qui a été élu au suffrage universel et mène une politique pour laquelle il a été choisi et sa politique validée ?
Le problème, Nadine, est que le respect n’est pas acquis, qu’il se mérite et que ces derniers jours, Nicolas Sarkozy semble s’en être montré bien peu digne…
Déclaration suivie de celle d’obscurs seconds couteaux, trop heureux que les vacances de leurs collègues leur donnent l’occasion de jouer les thuriféraires du président à peu de frais.
Traiter le président de la République de voyou, « c’est quand même épouvantable », s’est ainsi indigné auprès de l’AFP Alain Marleix, secrétaire d’Etat aux Collectivités locales.
Suivi de près par le député UMP Lionnel Luca : « Rien ne justifie l’outrage au président de la République élu démocratiquement. Rien ne justifie l’insulte à l’homme politique qui bafoue également ceux qui l’ont élu ».
Dommage que ces parangons de vertu ne se soient pas faits entendre au lendemain des déclarations belliqueuses et racistes de Nicolas Sarkozy.