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Verbatim : JF Kahn sur « le voyou de la République »

12 août 2010 Laisser un commentaire

Après les attaques de la droite, place à la défense : JF Kahn s’exprimait sur RMC au sujet de la couverture de Marianne de cette semaine.

JF Kahn RMC Voyou de la République

Le fondateur de Marianne a longuement expliqué le choix de la couverture de Marianne :

Pourquoi voyou ? Je vous explique : après les mesures annoncées à Grenoble, c’est-à-dire jusqu’à deux ans de prisons pour les parents d’enfants instables, qu’il y a deux catégories de Français, de souche et d’origine étrangère, et donc pas forcément les mêmes peines…  Il y a eu des réactions sur Sarkozy : Pétainiste, vichyste, facho, raciste, xénophobe ! Dans cet article, je dis : ce n’est pas vrai… Il n’est pas raciste, pétainiste xénophobe, anti–immigrés ! Peut–être je me trompe, mais je le pense ! La référence à Pétain est certes fondée parce qu’ils ont décidé (l’UMP) de faire voter une loi de Vichy. Alors, on pourrait le dire… Et bien je ne le dirai pas, parce que je ne le crois pas.

Mais en revanche, dans le fond Sarkozy  c’est un type qui, pour conquérir le pouvoir, ou pour garder le pouvoir avec talent, est capable de tout ! Rien ne l’arrête. Aucun impératif idéologique, dogmatique, éthique, moral. S’il faut dire des choses, comme Le Pen, il les dit. Mais s’il faut dire la même chose que Besancenot… Il le dit aussi ! S’il faut pour gagner, faire de l’ultra libéralisme, il le fait. S’il faut faire de l’étatisme, il le fait aussi.  C’est ça l’idée, c’est ça un voyou !

C’est un type qui parle comme un voyou, qui dit « casse toi pauv’ con ».

Il parle toujours de faire la guerre, comme si c’était une bande contre une autre. Et puis cette façon de dire, que pour gagner, « tous les moyens sont bons. Qu’est ce qu’il faut dire, qu’est ce que les gens veulent ? Ah ben on va le dire ! » Pour conserver le pouvoir, il est capable de tout, exactement comme les caïds des cités de banlieues.

Pour retrouver l’intégralité de l’interview de Jean-François Kahn en podcast, cliquez ici

L’article de Jean-François Kahn dans Marianne.

Sarko, voyou de la République ? (suite)

11 août 2010 2 commentaires

C’est après les déclarations de Nicolas Sarkozy le « hit » de l’été : la Une de Marianne qualifiant Sarko de « voyou de la République » suite à ses sorties sécuritaires. Jean-François Kahn réussit là un véritable tour de force, reléguant presque au second plan les déclarations du président. Suite des réactions, après les cris d’orfraie de Nadine Morano et d’Alain Marleix.

Sarko, voyou de la Republique

Le premier à réagir a été Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes, sur l’air de Vichy et de la presse des années 30 – thème décidemment très à la mode cet été :

Il est paradoxal de dénoncer les dérives vichystes en utilisant les méthodes de la presse d’extrême droite d’avant-guerre.

On rappellera que Lionnel Luca s’est déclaré pour la peine de mort pour certains crimes, qu’il a demandé l’abrogation d’un article de loi sur l’enseignement de l’esclavage, et qu’il a été l’année dernière à l’origine de la polémique autour du film « Hors-la-loi », qu’il n’a pas hésité à qualifier de « négationniste » et « d’anti-français »

Nadine Morano est elle-même revenue à la charge sur RTL, demandant des excuses à Jean-François Kahn :

Lorsqu’on est journaliste et qu’on écrit dans un magazine qui s’appelle Marianne, qui est un de nos symboles de la République (…) et qu’on utilise des propos tels qu’il a été utilisé à la une de Marianne, c’est simple: soit on change de nom, soit on présente des excuses publiques, parce que ce n’est pas acceptable. C’est antirépublicain et on ne peut pas véhiculer des valeurs antirépublicaines en utilisant le nom de Marianne. Les journalistes de Marianne sont en train de salir un des symboles de la République.

Notons enfin la passe d’armes entre Patrick Ollier, député UMP des Hauts-de-Seine et le directeur de la publication de Marianne, Maurice Szafran. Le député n’a pas hésité à évoquer la loi sur la liberté de la presse, estimant que :

(Marianne) dépasse aujourd’hui ce que peut autoriser la liberté de la presse en France (…) Par cela, M. Kahn s’est conduit en voyou de la presse.

Ce à quoi Maurice Szafran lui a répondu – non sans humour – qu’il lui suggérait d’aller « demander à Nicolas Sarkozy de porter plainte contre Marianne ».

Aux dernières nouvelles, pas d’attaque en justice de la part de Chouchou, que l’on sait grâce à TF1 trop occupé à faire du vélo et se régaler des beignets de Ginette (cf. video au bas de l’article).

Eric Ciotti, le Monsieur Sécurité de l’UMP à l’oeuvre pour concocter les prochains projets de loi sur la nationalité et la sécurité, se devait d’intervenir – ce qu’il fit dans l’organe de presse de l’UMP (Le Figaro) :

Marianne? Ce n’est plus un journal aujourd’hui, même pas un tract. Marianne a gravi un échelon de plus dans l’outrance, tout cela à des fins commerciales.

Le parti socialiste quant à lui – même s’il n’approuve pas le terme de « voyou » – renvoie la faute sur la surenchère verbale à laquelle s’est livré Nicolas Sarkozy depuis son élection. Le député PS Claude Barolome rappelle ainsi dans Franc Soir que :

(…) depuis qu’il est au pouvoir, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse d’insulter ici un pêcheur, là un agriculteur, ou encore les habitants des quartiers. Un tel comportement n’est pas sans conséquences graves sur l’image de notre République et de ses dirigeants. Le président porte une grande part de responsabilité dans cette dérivé verbale.

Enfin, notons que l’Express – certainement en panne d’inspiration en ce mois d’août – consacre un plein article aux réactions des internautes à la couverture…

On l’aura compris, le débat progresse. Vivement le retour de Nico !

Pierre Moscovici : Sarkozy fait du « Le Pen light »

11 août 2010 Laisser un commentaire

Pierre Moscovici, député PS du Doubs, était l’invité de RTL. L’occasion pour lui de revenir sur la politique sécuritaire du gouvernement.

Le député socialiste a vivement critiqué Nicolas Sarkozy, comparant ce dernier à un «Le Pen light». Sur les les mesures sécuritaires annoncées par le président, il s’est rapproché des propos de Michel Rocard dans Marianne, sans aller toutefois à citer explicitement Vichy et les nazis :
Ca rappelle les heures les plus noires de notre histoire.

Sur la réappropriation du thème sécuritaire par les socialistes, il considèrent qu’ils doivent tout faire pour « montrer que l’on est plus républicain et plus efficace que Nicolas Sarkozy ».

Et d’énumérer quelques propositions du PS :

Rétablir les effectifs de police, renouer un lien de confiance, rétablir une police de proximité…

Mr Moscovici, dans une allusion à peine voilée à la tentative de diversion que mène actuellement Nicolas Sarkozy, a recentré le débat sur les questions sociales et rappelé les échéances de la rentrée, avec notamment la réforme des retraites, prédisant :

La rentrée sera sociale et chaude… le 7 septembre il y aura des millions de gens dans la rue.

« Sarko, voyou de la République ? » : Emoi à droite

10 août 2010 2 commentaires

La couverture de Marianne sur Nicolas Sarkozy réveille à droite des pudeurs que l’on aurait aimé voir se manifester suite aux déclarations lepénistes du président.

Marianne frappe fort en cette torpeur aoûtienne et titre « Le voyou de la République », avec un portrait menaçant de Sarko en couverture.

Les réactions n’ont  pas tardé et les mêmes qui ont applaudi aux mesures sécuritaires de leur grand homme, que ce soit l’expulsion des Roms ou la déchéance de nationalité de jouer les vierges effarouchées et de défendre le président.

La première à intervenir fut l’ineffable Nadine Morano, hier en guerre contre une presse « fasciste », déclarant:

Mais une telle couverture, je trouve que c’est grave. Où est le respect envers le chef de l’Etat qui a été élu au suffrage universel et mène une politique pour laquelle il a été choisi et sa politique validée ?

Le problème, Nadine, est que le respect n’est pas acquis, qu’il se mérite et que ces derniers jours, Nicolas Sarkozy semble s’en être montré bien peu digne…

Déclaration suivie de celle d’obscurs seconds couteaux, trop heureux que les vacances de leurs collègues leur donnent l’occasion de jouer les thuriféraires du président à peu de frais.

Traiter le président de la République de voyou, « c’est quand même épouvantable », s’est ainsi indigné auprès de l’AFP Alain Marleix, secrétaire d’Etat aux Collectivités locales.

Suivi de près par le député UMP Lionnel Luca : « Rien ne justifie l’outrage au président de la République élu démocratiquement. Rien ne justifie l’insulte à l’homme politique qui bafoue également ceux qui l’ont élu ».

Dommage que ces parangons de vertu ne se soient pas faits entendre au lendemain des déclarations belliqueuses et racistes de Nicolas Sarkozy.

Rocard: la loi sur les mineurs délinquants, inédite « depuis les nazis »

6 août 2010 2 commentaires

Dans un interview qui tranche avec le niveau délétère du débat sur la sécurité de ces derniers jours, l’ancien Premier Ministre socialiste, conscience morale de la gauche, dénonce avec virulence les dérapages non-contrôlés du chef de l’Etat et de ses troupes sur la sécurité.

Rocard mesures sécurité Sarkozy

Enfin une lueur d’espoir dans ce ciel de plus en plus brun de ce début du mois d’Août, qui rappelle étrangement 1940.

L’ancien premier ministre Michel Rocard critique violemment dans un interview à Marianne les dernières mesures du chef de l’Etat, estimant « qu’il le paiera » et que le projet de condamner les parents d’enfants délinquants remonte à « Vichy » et aux « nazis ». Il va plus loin, comparant les mesures proposées à celles en place à Vichy et critiquant la politique du tout sécuritaire:

Quand on va chercher l’électorat au Front national, voilà sur quels scandales on débouche. La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n’avait pas vu ça depuis Vichy, on n’avait pas vu ça depuis les nazis. Mettre la priorité sur la répression, c’est une politique de guerre civile.

Il continue sur le même thème, affirmant que « la politique du tout-répression accroît la délinquance ».

L’ancien chef du gouvernement s’indigne aussi avec force contre la volonté de Nicolas Sarkozy de retirer la nationalité aux Français d’origine étrangère condamnés pour atteintes à la vie d’un policier ou d’un gendarme:

Je condamne la substance et le procédé. (…) Je sais bien que le Président recherche d’abord les effets d’annonce. (…) Les intentions sont scandaleuses.

Il se dit persuadé que le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel ne laisseront pas passer ce texte qui sera discuté à la rentrée à l’Assemblée nationale. « Je dis qu’il le paiera et qu’il l’aura mérité », dit l’ancien Premier ministre, « indigné » à propos du chef de l’État.

Selon Michel Rocard, « la répression, c’est l’échec de la prévention. Avoir supprimé la police de proximité, c’est dramatique. Et on le paie. » « La politique du tout-répression favorise les tensions, accroît la délinquance. Et pourquoi ? Parce qu’on donne priorité à l’électoral. C’est exécrable, scandaleux », renchérit-il.

Des propos utiles à méditer en ces temps de droitisation dangereuse du programme du président.