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Sarko, un président petit par la taille, grand par les oreilles

11 novembre 2010 3 commentaires

On croyait la pratique tombée en désuétude. Il n’en est rien, et les écoutes de journalistes prospèrent sous Sarko.

Ecoutes de Journalistes

A chaque changement de majorité, les nouveaux arrivants promettent de mettre fin à la pratique. Il semblerait que sous Sarko, les écoutes de journalistes au profit du pouvoir ne se soient jamais mieux portées, entre identifications des sources, suspicion de mise en place d’une cellule dédiée et contournement de lois existantes pour faciliter le procédé.

Les écoutes ont commencé avec la comédie de boulevard que fut l’affaire sur les tensions supposées au sein du couple présidentiel. Rachida Dati, soupçonnée d’être à l’origine de ces bruits, a été mise sur écoute, et envisage même de porter plainte à ce tire (voir video à partir de 4’32).

Mais c’est l’affaire Woerth-Bettencourt qui a vraiment relancé le débat sur la mise sous surveillance des journalistes, dans le but d’identifier et de confondre leurs sources – pourtant protégée par une loi de Janvier 2010 à l’initiative de François Fillon. On a ainsi appris que les « fadettes » (relevés téléphoniques) de certains journalistes avaient été demandées aux opérateurs par la DCRI et le procureur Courroye (voir article), en toute illégalité. Le Monde a porté plainte suite à ces actions, sans succès puisque le procureur de Paris, en charge de l’affaire, s’est vu opposer le secret-défense par la DCRI refusant de livrer les détails des éléments recueillis lors des examens des fadettes.

Ecoutes de l'Elysée

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Et il semblerait que l’enquête de la DCRI dans l’affaire Woerth-Bettencourt ne soit que le haut de l’iceberg, Le Canard Enchaîné affirmant dans ses éditions de cette semaine et de la semaine dernière qu’une cellule d’espionnage des journalistes avait été constituée à la DCRI, sur demande de Nicolas Sarkozy lui-même. Dans son édition de cette semaine, l’hebdomadaire va encore plus loin, allant même jusqu’à parler de « conspiration » destinée à simplifier le travail des enquêteurs de la police en passant outre la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) pour obtenir des renseignements sur les appels passés par les journalistes, par l’intermédiaire des fadettes.

Toujours suivant Le Canard, le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant aurait ainsi organisé en septembre 2009 une réunion de crise à ce sujet avec des représentants de la DCRI, un membre du cabinet du Premier ministre François Fillon et un conseiller de Nicolas Sarkozy. Deux mois plus tôt, la CNCIS avait rappelé à l’ordre les opérateurs téléphoniques en leur rappelant que son autorisation était indispensable.

Il aurait été décidé lors de cette réunion de faire valoir un « intérêt supérieur de l’Etat » pour se passer d’autorisations, et de contourner par une interprétation audacieuse la loi de 1991 qui ne prévoit cette dérogation que dans certains cas limités d’écoutes ou de surveillance hertziennes.

L’Elysée aurait ensuite nommé en octobre 2009 Hervé Pelletier, un président de la CNCIS plus « accommodant » que le précédent. L’homme surnommé à l’Elysée « Avec lui, jamais de pépin » (sic !) doit une partie de sa carrière à Sarko, qui a notamment appuyé sa candidature à la Cour de Cassation. Sur ordre de l’Elysée, il fait adopter en catimini la nouvelle interprétation de la loi, lors d’un vote technique le 21 janvier 2010. Depuis, la police examine sans autorisation les factures détaillées de téléphone des journalistes, affirme Le Canard. Pure coïncidence, les demandes de transmission des données d’appels des journalistes seraient en augmentation constante depuis deux ans, aux dires d’un porte-parole de France Telecom.

Enfin, la thèse de la surveillance institutionnalisée des journalistes semble être accréditée par une note adressée au Ministère de l’Intérieur à laquelle France Info a pu avoir accès et classée « confidentiel défense » émanant de Matignon rappelant que se procurer directement des factures détaillées auprès des opérateurs de téléphone. Un rappel à la loi qui sonne comme un démenti cinglant envers tous les cadors de la majorité qui proclamaient encore la semaine dernière la main sur le coeur que jamais dans la République Irréprochable de Nicolas Sarkozy de telles pratiques pouvaient avoir lieu.

France, qu’as-tu fait de ta Presse ?

9 novembre 2010 1 commentaire

La presse et les medias en général dont l’indépendance se voit chaque jour davantage mise à maapparaissent de plus en plus comme une des victimes collatérales de la présidence Sarkozy. De la mainmise du président sur les médias, aux récents vols de portables et à la violation du secret des sources dont on été victimes plusieurs journalistes récemment, jusqu’au calamiteux résultat d’un classement comparant la liberté de la presse dans plusieurs pays, retour sur une triste série qui en dit long sur l’état du paysage médiatique en Sarkozyie.

Tentatives de mise au pas

Les hostilités ont commencé cet été, avec l’affaire Bettencourt, révélée et alimentée par le site Mediapart, puis le quotidien Le Monde. On se souvient des « éléments de langage » que l’Elysée servait alors aux perroquets de la majorité, les Copé, Morano et autres Lefebvre. Ils tournaient tous autour du même thème, faisant écho aux périodes les plus noires de notre histoire. On vit ainsi fleurir au long d’interviews et d’interventions télévisées des « méthodes fascistes », « presse des années 30 », « méthodes vichystes », et autres perles sentant bon le pétainisme. Tout ceci émanant d’un gouvernement qui dans le même temps envisageait de multiplier les déchéances de nationalité (du jamais vu depuis … Pétain) et qui ne supportait pas que ces mêmes critiques ne puissent lui être adressées.

Il y eut aussi la bien maladroite – mais tellement significative d’un certain état d’esprit – intervention du monarque lui-même pour empêcher Le Monde de tomber dans des mains ennemies – 2012 n’est jamais loin pour l’hôte du Faubourg St Honoré. Plus tard dans la même veine vint la menace d’une prise de contrôle de Serge Dassault – propriétaire duFigaro et voix de son maître – dans Le Parisien, journal populaire à l’influence clé en vue de la campagne de 2012. Tentative soutenue en sous-main par l’Elysée qui se préparait à publier les bans, heureusement avortée.

Violation des sources

Mais le plus grave était encore à venir. Les derniers mois ont vu de sérieuses menaces quant à la protection du secret des sources des journalistes. Tout a commencé avec l’intervention, sur ordre de l’Etat, de la DCRI – le contre-espionnage français – pour identifier les sources du quotidien Le Monde. Cette enquête – classée depuis « secret défense » –  a permis d’identifier l’auteur des sources (David Sénat, un des très proches collaborateurs de Michèle Alliot-Marie, mis à pied depuis).

Et l’exemple venant d’en-haut, c’est le très accommodant Courroye – censé par sa fonction être gardien de la loi, en tout cas la connaître – qui a joué la même partition, tentant lui aussi de percer le secret des sources des journalistes du Monde. Victoire à la Pyrrhus pour le juge, cet acte en effet, bien que dicté par la haine qu’il voue à sa consoeur de Nanterre Isabelle Prévost-Déprez, n’en restait moins pas illégal et lui valut d’être dessaisi du dossier, à son grand regret. Dans les propres termes un rien grandiloquents d’un homme qui se tient en haute estime, le dessaisissement laisse une « Symphonie inachevée ». On se permettra de douter que cela soit une si mauvaise affaire que ça pour la justice.

Vols de portables

Ensuite vinrent les rocambolesques « vols de portables ». A quelques jours de différence, furent en effet dérobés des portables et disques durs de journalistes du Monde, du Point et de Mediapart, ayant en commun de tous enquêter sur l’affaire Woerth-Bettencourt. Dans un climat lourd de soupçons, tous les regards se tournent vers le sommet de l’Etat, tant à cause du professionnalisme observé dans ces 3  affaires,  que de l’intérêt à récupérer pour l’Etat à identifier les sources des journalistes dans cette affaire touchant jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.

C’est dans cette atmosphère que Nicolas Sarkozy, interrogé à Bruxelles à ce titre – au lieu de profiter de l’occasion pour dire son attachement en tant que président de la République à la liberté de la presse, n’a eu que cette tirade mémorable :

J’vois pas en quoi cela me concerne. Vous attendez un commentaire de moi sur une enquête. Je vois pas en quoi ça peut concerner le chef de l’Etat. Je vois trop ce qu’un commentaire de ma part pourrait amener comme commentaire de la vôtre.

Sarko_Plantu_En_quoi_ça_me_concerne

Cellule d’espionnage des journalistes

Le dernier volet de cette série a éclaté la semaine dernière, Le Canard accusant nommément Nicolas Sarkozy d’avoir mis en place une surveillance systématique de journalistes enquêtant  sur des affaires touchant de trop près la Sarkozyie. Les deux responsables de la DCRI et de la police nationale, Bernard Squarcini et Frédéric Péchenard, ont beau avoir été entendus par une délégation de parlementaires, et avoir affirmé main sur le coeur qu’il n’existait bien-sûr pas de telle cellule, le doute persiste.

Le pouvoir se devait de riposter et de tenter de reprendre la main. C’est chose faite, dans la plus pure veine sarkozyste, via un dépôt de plainte (Nicolas Sarkozy passera à la postérité comme le président ayant le plus porté plainte de toute l’histoire de la Ve République). Claude Guéant a en effet fait part de son intention de porter plainte contre Mediapart pour « diffamation par voie de citation directe », Squarcini devrait en faire de même bientôt.

Classement Reporters sans Frontières

Entre tentatives d’intimidation, violation des sources, vols de portables et soupçons de cellule d’espionnage des journalistes, on ne peut qu’être inquiet sur le statut de la presse en France. Inquiétudes qui sont encore plus renforcées par la publication récente du classement annuel de la liberté de la presse. Reporters sans Frontières classe la France en …44e position, derrière notamment la Namibie, le Ghana, la Lettonie et la Pologne. L’association explique notamment ce rang médiocre par la violation de la protection des sources, concentration des médias, mépris et même impatience du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail, convocations de journalistes devant la justice.

Beau palmarès pour une République irréprochable.

Enfin la vérité dans l’affaire Woerth par Sarko (montage de Libé)

20 juillet 2010 Laisser un commentaire

Libération a repris les propos du Président lors de son interview le 12 Juillet, pour en faire sortir une vérité légèrement différente que celle de Guéant.

Affaire Woerth expliquée par SarkoLibération: montage par Polemix & La Voix Off

(à écouter sur le site Liberation.fr)

Le vrai problème dans l’affaire Woerth-Bettencourt

9 juillet 2010 4 commentaires

Le vrai problème de l’affaire Woerth-Bettencourt n’est pas tant la publication de révélations par le site Mediapart, mais bien l’incapacité dans laquelle est le régime de laisser se mettre en place une structure indépendante pour enquêter sur l’affaire.

L’unique axe de défense de la majorité – que l’on imagine orchestré en haut lieu par le cardinal noir Claude Guéant – a été jusqu’à présent de fustiger le site Mediapart et d’essayer de discréditer la presse qui s’est fait l’écho des diverses révélations dans l’affaire Woerth-Bettencourt.

Le site Mediapart a ainsi essuyé l’ensemble des critiques de la majorité ces derniers jours. Un thème qui revient en boucle (un élément de langage de plus défini par l’Elysée ?) est le « fascisme » que les méthodes de ce site rappelleraient. Ainsi, Xavier Bertrand d’évoquer des « méthodes fascistes » au sujet des écoutes publiées par Mediapart, suivi de près par la très nuancée Nadine Morano. Estrosi – ministre pourtant plombé par son aller-retour en jet privé pour assister au pot de Sarko et par ses deux appartements, dont l’un utilisé par sa fille – a profité de l’occasion pour se racheter une virginité, comparant la presse à l’origine des révélations à « celle des années 30 ».

On soulignera au passage l’ironie qu’il y a de la part d’une droite touchée d’amnésie à vouloir agiter le fantôme du fascisme et de la collaboration pour une affaire touchant une famille qui fut aussi intimement liée à la Cagoule que le fut la famille Bettencourt (le père – Eugène Schueller – tout comme le mari de Liliane Bettencourt ont été membres dans les années 30 et sous l’Occupation de la Cagoule, société secrète d’extrême-droite).

La vérité est que cet axe de défense ne tient pas un seul instant, et qu’il s’agit là d’un feu de paille censé faire oublier le vrai problème de cette affaire : l’incapacité du système démocratique français de garantir l’existence d’une enquête indépendante et impartiale sur les vraies questions que soulève cette affaire : le conflit d’intérêt possible dans lequel Eric Woerth se serait placé, les conditions d’embauche de sa femme, l’absence de contrôle fiscal de Mme Bettencourt pendant de nombreuses années, enfin le financement occulte de campagnes politiques.

Plusieurs enquêtes sont en cours, certes, mais aucune ne présente les qualités requises d’indépendance et d’impartialité pour permettre au pays de voir clair dans cette affaire aux multiples ramifications.

Qu’on en juge : l’enquête de l’IGF ? Déjà contestée de par son mode d’exécution : voir ici le résumé de l’article du Monde à ce sujet.

La justice ? Elle est représentée en la matière par le procureur Courroye, un magistrat dont la nomination en 2007 fut violemment contestée par le CSM, en lutte ouverte contre sa collègue le juge d’instruction Isabelle Prévost-Déprez, et de surcroît proche du Président de la République qui l’a décoré de l’Ordre National du Mérite et que ce dernier appelle « mon ami ». Autant de facteurs permettant de douter très sérieusement de l’indépendance de l’enquête que le procureur Courroye serait susceptible de mener. Et ce n’est pas par hasard si plusieurs leaders politiques dont Martine Aubry ont demandé le « dépaysement » de l’enquête (le fait de confier l’enquête à un autre tribunal).

La commission parlementaire ? Proposée par les socialistes (voir ici le texte de la proposition de résolution), elle a été acceptée sur le principe par Bernard Accoyer, mais l’Assemblée a refusé d’examiner la demande d’enquête le 6 juillet…repoussant d’autant la date de début de la commission d’enquête (pour mieux enterrer l’affaire ?).

On le voit, le problème n’est pas la presse – dont il faut garantir l’indépendance et qui constitue un contre-pouvoir indispensable dans une démocratie – mais bien l’incapacité du pouvoir à garantir une enquête indépendante et au-dessus de tout soupçon.

Or, n’en déplaise aux leaders de la majorité, seule une enquête indépendante et impartiale pourra faire se dissiper le climat de suspicion et de défiance dénoncé avec tant de fougue.

« Tous ceux qui veulent sauver Eric Woerth », nouveau lip-dub de l’UMP ?

5 juillet 2010 Laisser un commentaire

Une occasion en or pour les jeunes de l’UMP de recycler leur dernier lipdub : « Tous ceux qui veulent sauver Eric Woerth »

Lipdub UMP Eric Woerth

On se souvient de la franche tranche de rire que nous avait offerte les jeunes de l’UMP avec leur lipdub « Tous ceux qui veulent changer le monde » (video ici). Eh bien l’affaire Woerth-Bettencourt leur offre l’occasion rêvée de confirmer l’essai, d’autant que leurs aînés ont déjà commencé à s’y coller ce week-end en écrivant déjà les paroles, dans une belle harmonie. Revue des troupes en présence.

L’offensive commença vendredi soir, avec du lourd : Mamie Bettencourt elle-même, interrogée en prime-time sur TF1, la chaîne amie pendant 7 minutes (au prix de la mn de pub à cette heure, on appréciera le geste de la maison Bouygues au pouvoir). L’occasion pour nous de pénétrer dans l’intimité de Liliane, de pleurer avec elle sur ses malheurs (une fille méchante et son honneur livré à l’opinion publique) et d’oublier les questions gênantes liées à l’affaire Woerth-Bettencourt (la femme du ministre travaillant pour une des plus grandes fortunes de France, Liliane contributrice de l’UMP et versant au passage de l’argent au ministre censé contrôler ses impôts, les interventions de l’Elysée dans le procès avec sa fille…).

Samedi matin, Le Figaro Magazine prenait le relais : à défaut de chouchou, son cardinal noir, Guéant-Mazarin, l’éminence grise de l’Elysée rassurait le bon peuple de droite d’une voix que l’on imaginait posée et grave (lire l’interview ici). L’affaire, quelle affaire ? L’honneur d’Eric le préserve du mal, de toute forme de conflit d’intérêt ! Ainsi soit-il ! Au moins le ministre Woerth pouvait-il mourir en paix, le cardinal venait de lui donner l’extrême-onction…

Nous eûmes droit ensuite à MAM, aussi raide que la justice, jurant main sur le coeur qu’il n’y avait eu aucun traitement de faveur dans l’affaire Bettencourt.

Le bal des intervenants se clôtura avec Eric Guaino – le nègre après le noir cardinal – interviewé par iTele, ce dernier « n’imaginant pas (la possibilité) d’un acte répréhensible » de la part d’Eric Woerth. C’est se tenir en assez haute estime que de penser que le fait que le soupçon ne traverse pas son esprit justifie en soi de clore l’affaire. Mais bon, passons.

Les paroles ont été écrites et récitées consciencieusement par leurs aînés. Nous attendons maintenant avec impatience le lipdub des jeunes de l’UMP.

Woerth : l’étau se resserre

2 juillet 2010 1 commentaire

Affaire Eric WoerthChaque jour qui passe apporte son lot de nouveautés dans l’affaire Woerth.

Ainsi, le site Mediapart révèle-t-il aujourd’hui que Liliane Bettencourt aurait touché du fisc en mars 2008 un chèque de 30 millions d’euros au titre du bouclier fiscal. Mars 2008, date à laquelle Eric Woerth était ministre du budget et sa femme gérait la fortune de Mme Bettencourt, qui possédait déjà ses comptes en Suisse…Elément intéressant, le déblocage de cette somme, opération nécessitant l’aval du ministre, fut – fait exceptionnel – particulièrement rapide. Enfin, toujours selon Mediapart, le ministre Eric Woerth fut reçu à dîner par Liliane Bettencourt dans l’hôtel particulier de cette dernière : ont-ils parlé bouclier fiscal ou financement de l’UMP ?

Mais il semble que désormais l’accumulation de faits troublants commence à faire évoluer les choses. Ainsi, François Baroin a-t-il en effet déclaré qu’une enquête fiscale allait être diligentée sur les comptes de Liliane Bettencourt. Parallèlement, Bernard Accoyer a jugé «recevable» la demande de commission d’enquête parlementaire déposée par le groupe socialiste sur l’affaire.

Face à ces nouveaux éléments, la réplique s’organise.

Et la réaction de Sarkozy à cette affaire ressemble à s’y méprendre à celle qu’il eut lors de l’affaire de l’EPAD, où il lui fallut plusieurs jours pour réaliser le dommage que l’affaire lui causait et sortir de la dénégation dans laquelle il était.

Nous sommes en plein dans cette phase : refus d’entendre, autisme et crispation sur des positions intenables, attitude d’autant plus difficile à combattre qu’elle se nourrit d’un ego sur-dimensionné et du phénomène de cour élyséen, peu enclin à faire réaliser au Prince ses erreurs.

C’est d’ailleurs en plein dans cette ligne que s’inscrit Claude Guéant, la voix de son Maître, qui exclut la démission d’Eric Woerth dans un entretien à paraître dans le Figaro Magazine de ce week-end : Pourquoi voulez-vous que quelqu’un démissionne ou qu’il soit remercié dès lors qu’il n’a rien fait qui puisse lui être reproché ? » Et la seule mesure qui puisse ressembler de près ou de loin à une réponse à cette affaire est un remaniement gouvernemental…dans 4 mois.

Espérons donc qu’Eric Woerth passe l’été…

Pierre Charon privé de petit-déjeuner avec le Président

12 avril 2010 2 commentaires

C’est une victime collatérale inattendue de l’affaire du complot sur le couple Sarkozy-Bruni : la nouvelle est tombée ce matin, par la bouche de Claude Guéant, Mazarin de l’Elysée : Nicolas Sarkozy, furieux de l’attitude de ce dernier, a privé son proche conseiller, Pierre Charon – prompt à voir des complots partout quand il s’agit de défendre son maître – du petit déjeuner qu’il prend tous les matins avec ses proches conseillers.

Le bouffon du clan Sarkozy restera donc, jusqu’à nouvel ordre, consigné dans son grand bureau – qui doit lui apparaître bien vide désormais – et à sa rémunératrice charge de responsable des chasses présidentielles.

La nouvelle de cette disgrâce surprend d’autant plus que Carla, au cours du même interview où elle infirmait les propos de cet encombrant conseiller, avait tenu à rappeler l’« amitié » du couple présidentiel envers ce dernier, qui en ayant voulu se faire la voix de son Maître avait déclenché un scandale digne d’un opéra-bouffe italien au sommet de l’Etat. Il semble qu’elle-même ait été désavouée à son tour par son mari qui, pris d’un accès de grosse colère, ait décidé de monter sur ses talonnettes pour jouer au père fouettard et punir son plus fidèle bouffon.

En attendant, il semble que l’affaire du complot prive Pierre Charon non seulement de l’honneur de beurrer ses tartines avec le Président, mais aussi compromette sérieusement ses chances de conquérir un siège de sénateur à Paris, charge qu’il convoitait en même temps que Rachida Dati, qu’il avait essayé sans succès d’impliquer dans l’affaire du couple présidentiel.

A l’annonce de sa disgrâce, Pierre Charon serait tombé « au 36e dessous », selon un proche. Il est probable que bien peu se presseront pour le réconforter, lui qui avait remonté le moral de Nicolas Sarkozy et l’avait remis en selle au départ de Cecilia en 2005. Impitoyable univers du pouvoir …

Guéant, Mazarin au petit pied de l’Elysée

5 avril 2010 7 commentaires

On a les Mazarin que l’on peut… Au Siècle d’Or, l’original, à notre siècle plaqué Bling-Bling, Claude Guéant, ex-préfet de Franche-Comté et de l’Herault, omniprésent secrétaire général de l’Elysée, quasi numéro deux du pouvoir, dont Le Monde relate dans sa livraison de ce week-end le parcours.

L’itinéraire de l’éminence grise de l’Elysée sent bon les derniers vingt ans de la droite : formé aux réseaux de la police sous Giscard, le triomphe de la Gauche le force à s’exiler en province. Au retour de la Droite, Charles Pasqua le repère, qui l’initie aux arcanes de la Police, des affaires africaines et des circuits de renseignement français. Sa carrière lui donne l’occasion de nouer des relations privilégiées avec les chefs des services secrets syrien et lybien, avant de devenir l’âme damnée de Nicolas Sarkozy, tout d’abord comme directeur de cabinet à l’Intérieur puis comme directeur de campagne.

La relation qu’il forme avec le Président ne laisse de surprendre : que peuvent avoir en commun un placide ex-préfet, originaire de Vimy, dans le Nord, fils et petit-fils d’instituteur, et le survolté fils de nobliau hongrois, ex-maire de Neuilly, chantre du bling-bling et de la droite décomplexée que les Français ont élu comme Président en 2007 ? Or, ce couple semble tenir contre vents et marées depuis 2007, de l’état de grâce post-élection jusqu’aux abysses d’impopularités dans lesquelles se débat actuellement Nicolas Sarkozy. Et Guéant d’afficher un soutien sans faille à son suzerain, quitte à perdre tout bon sens politique, et à comparer les attaques contre Sarko lors de l’épisode de la nomination ratée de Prince Jean à l’EPAD à du fascisme.

Tour à tour éminence grise, confident des peines de cœur du Président, ou exécuteur des basses besognes, on a ainsi vu Claude Guéant gérer les incertitudes de Cecilia au début du quinquennat, finaliser la rocambolesque libération des infirmières bulgares – qui nous valût l’insigne honneur de voir Kadhafi planter sa tente en plein centre de Paris, (re)-marier Sarko à Carla à l’Elysée, arbitrer les tensions entre les leaders de l’UMP lors des Régionales, ou plus récemment recadrer Chantal Jouanno, pasionaria de la défunte taxe carbone.

Fort de sa relation avec le chef de l’Etat, ce serviteur de l’Etat, logé brièvement dans les appartements qu’occupait jadis Mazarine (cela ne s’invente pas), désormais incontournable, s’exprime dans les medias sur tous les sujets, jusque sur la durée du mandat du Premier Ministre, pourtant légitime numéro deux du Pouvoir.

Dérive ultime de la relecture sarkozienne des institutions que d’accorder plus de poids à la Parole d’un laquais – fût-il d’Etat – sur celle du chef du gouvernement.