Tout ça pour ça


Une montagne qui accouche d’une souris, voilà qui résume assez bien l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, après  6 mois d’atermoiements de la part du président et d’épreuves de concours de beauté de la part des ministres.

Comme souvent chez Sarko, le remaniement fut annoncé à la va-vite, sans que ce dernier sache vraiment en quoi il allait consister. Mais qu’importe, l’objectif premier du président était comme souvent de faire de la comm’ et d’alléger la pression sur un ministre en charge d’une réforme majeure du quinquennat mais aussi empêtré dans des soupçons de conflits d’intérêt dans l’affaire Bettencourt (sans parler de certaines enveloppes Kraft échangées en 2007).

S’ensuivirent plusieurs mois assez pénibles d’immobilité gouvernementale et de concours de beauté et de danses des sept voiles de la part des ministres et premier-ministrables. Nous eûmes successivement Baroin et les jeunes quadras, MAM (dont la période de grâce fut aussi bref que le passage d’un Rafale), Borloo – que l’alcool aurait pu faire trébucher mais qui finalement fut victime de la pénurie d’essence lors des grèves, et ce malgré une nouvelle coupe de cheveux hautement médiatisée en guise de programme.

Résultat, 6 mois après l’effet d’annonce du président : le même premier-ministre accompagné de ses mêmes « poids-lourds » pour mener ce qu’on essaie de nous faire passer comme une « autre politique ».

Mais aussi des laissés pour compte : les centristes notamment, qui au grand dam de Sarkozy s’agitent pour exister indépendamment de l’UMP et pourraient bien être sources de problème en 2012.

Ce gouvernement marque aussi le grand retour en force du RPR, avec des pointures comme Juppé, MAM, Baroin. On s’étonnera au passage que personne en France ne se soit ému du retour aux affaires de Mr Juppé, condamné dans l’affaire des emplois fictifs du RPR. La République Irréprochable du candidat Sarkozy se révèle être une notion à géométrie de plus en plus variable au fur et à mesure que 2012 se rapproche.

Autre promesse du candidat tombée aux oubliettes : la discrimination positive. En effet, avec Fillon2, c’est deux gadgets de choix icônes de la discrimination positive que l’on sacrifie : Fadela Amara (dont la famille sera obligée de trouver un autre logement que l’appartement de fonction de cette dernière), et Rama Yade (qui va enfin pouvoir vivre son rêve d’être dans l’opposition et dire tout le mal qu’elle pense de la politique de Sarko).

En échange, Sarko nous gratifie de Jeannette Bougrab – déjà célèbre pour avoir tenté de doubler son salaire à la Halde. Jeannette, c’est l’illustration même de la doctrine Sarko de la récompense de l’excellence et du succès :  battue à plates coutures lors de l’élection législative dans la 18e circonscription de Paris malgré le soutien de personnalités comme David Douillet, Luc Ferry et Alexandre Adler, elle est ensuite nommée au départ de Louis Schweitzer présidente de la Halde, où elle réussit en moins de 7 mois à s’illustrer par le désordre qu’elle fit régner dans l’institution, et par le cinglant désaveu que lui opposa son propre service juridique dans l’affaire – très médiatisée – de la crèche Baby Loup.

On notera aussi d’un côté la disparition du ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale – le félon Besson filant à l’Economie se racheter une conduite – de l’autre le retour remarqué du regroupement familial, Sarko offrant dans sa grande générosité à MAM le plaisir de travailler à côté de son compagnon, Patrick Ollier. Une première en France et peut-être dans le monde dont on ne peut que questionner l’intérêt.

Hélas, ce gouvernement est loin de convaincre : 64 % des Français ne lui font « pas confiance » et 89 % pensent qu’il va poursuivre la politique qui a été menée depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, en 2007.

Alors, vogue la galère, direction 2012 !

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