Archive

Archive for 10 juillet 2010

Vous avez aimé le Woerthgate, vous adorerez le Wauquiezgate

10 juillet 2010 1 commentaire

Alors que l’affaire Woerth n’en était qu’à ses débuts, le ministre de l’Emploi Laurent Wauquiez était à Londres, mélangeant allégrement ses deux casquettes de ministre et …financier de son propre parti, Nouvel Oxygène (!).

Financement UMP Laurent Wauquiez Nouvel Oxygène

Montage LePost.fr

Nous avons décidemment la Droite la plus bête du monde.

Alors que les premiers scoops de l’affaire Woerth-Bettencourt étaient en train d’être dévoilées, notre sémillant et plein de confiance (en lui) ministre de l’Emploi organisait un dîner à Londres, dans le très chic quartier de Mayfair avec des banquiers, gérants de fond et administrateurs français de la City, comme le rapporte Le Point dans sa livraison du 8 juillet.

Parmi les invités, on comptait une administratrice de la Société Générale, Nathalie Richou, les gérants de fond Pierre-Henri Flamand (ex-Goldman Sachs) et Emmanuel Roman (CLG) ou des banquiers comme Franck Petitgras (Morgan Stanley Europe), et Michael Zaoui. Du beau monde donc, et de l’argent, tant à titre professionnel que personnel.

La discussion a porté sur la politique économique de Nicolas Sarkozy, et Laurent Wauquiez a prié chacun – précaution utile au vu de l’état de nos finances publiques – de s’abstenir d’attaquer la dette française et de nous réduire à l’état de vulgaires Grecs.

Jusque-là, rien d’anormal, un simple ministre – quoique peut-être plus ambitieux que les autres – dans l’exercice de ses fonctions, sans qu’il eût été fait usage du moindre jet privé pour ce déplacement.

Tout aurait pu le rester si, toujours d’après l’hebdomadaire, vers la fin du dîner, Laurent Wauquiez n’avait pas endossé alors une seconde casquette, celle de trésorier de son propre parti, Nouvel Oxygène (la modestie n’a jamais été le point fort du ministre), basé en Haute-Loire (tant il est vrai que l’air est meilleur dans la circonscription de Laurent Wauquiez…).

Et les banquiers – que l’on imagine médusés si ces derniers ont un tant soit peu fait leurs les habitudes anglaises vis-à-vis du conflit d’intérêt – de se voir priés de verser leur obole au ministre-trésorier, alors plus trésorier que ministre.

Si nous résumons bien, nous avons là un ministre, Laurent Wauquiez, qui représentant l’Etat français lors d’une représentation officielle, financée par des fonds publics, organise une collecte de fonds pour son propre compte (et pour le compte de l’UMP, cf. l’article du Post sur le financement des partis politiques).

Vous connaissez un autre ministre qui pratiquait de même ?

Vous avez dit conflit d’intérêt ?

« Honni soit qui mal y pense », nous diraient avec humour les Anglais…

La presse étrangère aussi, aux mains des fascistes ?

10 juillet 2010 1 commentaire

N’en déplaise à nos Cassandre du parti majoritaire, ce n’est pas que la presse française qui est atteinte de fascisme. La presse étrangère semble elle aussi succomber.

Presse etrangere affaire Woerth-Bettencourt

Le climat a franchement commencé à devenir pesant après les déclarations de plusieurs ténors de l’UMP, qualifiant de fascistes les méthodes du site d’Edwy Plenel, Mediapart, et de toute source d’information relayant les révélations du site en ligne.

Afin de retrouver une quelconque objectivité, un tour de la presse étrangère s’impose. Hors, surprise, elle se fait elle aussi l’écho des révélations du site Mediapart. Alors, la presse étrangère serait-elle entièrement tombée aux mains des mêmes fascistes qui ne font qu’embêter Nicolas Sarkozy ? Revue de détail.

Nos amis anglais tout d’abord, pourtant peu enclins à des dérives extrémistes. D’après le Guardian, « Des enregistrements secrets réalisés par le maître d’hôtel ont remis en question non seulement la légalité des montages financiers de Mme Bettencourt, mais aussi la neutralité politique d’un ministre haut-placé du gouvernement ainsi que la légalité du financement de la campagne présidentielle de Mr Sarkozy ».

Même son de cloche chez son confrère The Independent, pour lequel : « L’affaire Bettencourt menace la carrière du ministre du travail de Nicolas Sarkozy, et ancien ministre du budget, Eric Woerth. Ce dernier est accusé d’avoir couvert l’évasion fiscale de Mme Bettencourt en échange du financement de campagnes, qu’il gérait en tant que trésorier du parti de Mr Sarkozy. »

La BBC quant à elle retrace l’affaire dans au moins deux reportages, la qualifiant de « plus grave scandale de la présidence Sarkozy jusque-là » (reportage video, reportage audio – en anglais)

Mais il est vrai que de l’autre côté de la Manche, « conflit d’intérêt » a une réelle signification.

Quant au New-York Times, monument du journalisme d’investigation américain, il relaie aussi largement l’affaire, soulignant les multiples conflits d’intérêt au cœur de l’affaire : « Cette affaire soulève plusieurs types de conflits d’intérêt. De mai 2007 à mars de cette année, Mr Woerth n’était pas seulement trésorier de l’UMP, mais aussi ministre du budget, en charge de collecter les impôts des mêmes riches personnes dont il sollicitait les dons. Quand ce dernier a lancé une campagne hautement médiatisée de lutte contre l’évasion fiscale l’année dernière, sa femme gérait la fortune de Mme Bettencourt, ce qui là encore pose la question de savoir si Mr Woerth avait connaissance de tentatives d’évasion fiscale. »

Dans un autre article, le quotidien new-yorkais rend compte du travail d’investigation du site Mediapart (on notera que ce que d’aucuns appellent « fascsime », est désigné par les journalistes du NYTimes sous le terme plus noble de « journalisme d’investigation », mais il est vrai que les américains sont plus habitués que nous à des media libres), soulignant les difficultés de la presse « traditionnelle » de remplir cette tâche, soit par manque de moyens, soit par leur trop grande proximité du pouvoir (Le Figaro, Les Echos, propriétés respectives de Dassault et Arnault, proches de Nicolas Sarkozy).

Son cousin de Washington, le célèbre Washington Post – à l’origine du Watergate – ne minimise pas les accusations et les relaie aussi : « L’affaire Bettencourt devient politique après la révélation que Florence Woerth, femme du ministre du travail Eric Woerth, travaillait pour la société qui gérait les affaires de Mme Bettencourt. Woerth, qui était en même temps ministre du budget et trésorier de l’UMP, nie tout conflit d’intérêt, mais annonce (…) que sa femme a démissionné (de son poste de gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt). Florence Woerth a déclaré à un journal qu’elle avait sous-estimé le possible conflit d’intérêt. »

Enfin, le tableau ne serait pas complet sans évoquer la livraison de l’hebdomadaire « The Economist », référence internationale des hommes d’affaires, décideurs et politiques. Le journal résume ainsi la situation : « Mr Woerth, qui a reçu des donations politiques de Liliane Bettencourt, insiste qu’il n’a rien à se reprocher, et que ni lui ni sa femme ne savait rien (des mécanismes d’évasion fiscale de Mme Bettencourt). Toutefois, même en admettant qu’il n’ait rien fait, la perception de conflit d’intérêt est écrasante. Mr Sarkozy veut conserver Mr Woerth à son poste, au moins jusqu’à ce que la réforme des retraites soit votée cet automne. Si la pression politique sur lui ne faiblit pas à l’approche des vacances d’été, il ne pourra peut-être pas attendre aussi longtemps. ».

Des extraits supplémentaires de la presse internationale sont disponibles sur les sites slate.fr, ainsi que dans Courrier International (dossier payant), qui sous le titre « La France Plumée » propose une vaste synthèse des réactions à l’international (La Repubblica : «  la scène politique française prend des airs devaudeville », pour Corriere della Sera, « L’hyperprésident des débuts a laissé place à un pouvoir désinvolte », et pour le Neue Zürcher Zeitung : « (Le sarkozysme est devenu) un pouvoir qui oublie la morale, la loyauté envers le peuple et même le simple bon sens. »

Bizarrement, au grand dépit des Bertrand, Morano, Lefebvre, et autres Estrosi, point de mention dans tous ces articles de quelconques « méthodes fascistes » ou d’un supposé « retour à la presse des années 30 » mais plutôt des relations fidèles de faits troublants et des interrogations justifiées sur les relations au plus haut niveau entre le pouvoir et l’argent.

L’affaire Woerth-Bettencourt ou la faillite du contrat social sarkozyste

10 juillet 2010 1 commentaire

Ce que cache vraiment l’affaire Woerth-Bettencourt et pourquoi elle est explosive.

Le programme de Nicolas Sarkozy en 2007 était simple : le bouclier fiscal pour les très riches, le « Travailler Plus pour Gagner Plus » pour le plus grand nombre. Les français, vaguement conscients de l’injustice sociale que représentait le bouclier fiscal, prenaient le parti d’accepter ce dernier en échange de jours meilleurs sur le terrain du pouvoir d’achat promis par le candidat Sarkozy.

Un contrat social était passé entre le candidat-Président et ses électeurs : en échange d’avantages pour les très riches, le niveau de vie du plus grand nombre s’élèverait. Ensemble, tout devenait possible comme le disait le slogan du candidat.

Trois ans plus tard, le bouclier fiscal tient toujours, malgré les critiques de l’opposition, la crise financière et le besoin criant de trouver des nouvelles ressources budgétaires. Le Président semble même s’y accrocher dans un mouvement aussi désespéré qu’inhabile politiquement.

A l’inverse, la promesse d’augmentation du pouvoir d’achat pour tous s’est lamentablement échouée sur les rivages de la crise financière. Et, les français voient leur horizon s’obscurcir, entre augmentation inéluctable des impôts et baisse annoncée des prestations sociales.

Mieux, la majorité vient d’élaborer un plan pour les retraites qui préserve les avantages des retraités (un réservoir stratégique de voix pour Nicolas Sarkozy en 2007) et des plus aisés (une part importante des contributions de campagne de Nicolas Sarkozy) et refuse de taxer le capital, tout en faisant porter l’essentiel des efforts sur les actifs, qui devront travailler plus longtemps, sans être sûrs de voir le niveau de leur retraite garanti.

En somme, un « Travailler Plus pour Gagner Moins » pour la majorité des français.

Les riches gardent leur bouclier fiscal, les autres n’ont qu’à s’en procurer un en prévision des tempêtes qui s’annoncent.

C’est dans ce contexte que surgit l’affaire Bettencourt. Et qu’une lumière crue est jetée sur ces deux tendances antagonistes : tandis que Mme Bettencourt se fait rembourser par le fisc 30 millions d’euros sur ses impôts, les français voient leur Ministre-Trésorier- Epoux de la gestionnaire de Mme Bettencourt leur présenter une réforme qui – bien que rendue nécessaire par le poids de la démographie – signe pour l’immense majorité d’entre eux la fin de ce qu’ils considéraient comme avantages acquis.

C’est cette flagrante injustice qui éclate au grand jour dans cette affaire : la protection des avantages de quelques-uns au détriment de l’intérêt du plus grand nombre.

C’est la faillite du contrat social sarkozyste que l’affaire Bettencourt, par un raccourci dont l’histoire a le secret, illustre mieux que tout.

Quoiqu’en dise la droite, il n’y a rien de fasciste ni de violent aux révélations de Mediapart, c’est l’injustice que cette affaire illustre qui est violente.

Rama Yade : « Parce que je le vaux bien »

10 juillet 2010 1 commentaire

Vous en avez plus que ras-la-bol de l’affaire Bettencourt ? Je vous propose une pause bien méritée sur le thème « Vis-ma vie », sur les dépenses somptuaires de la sous-ministre gadget préférée des Français : Rama Yade.

On connaissait Rama l’icône des sondages, Rama-top model, Rama la gaffeuse, Rama nous dévoile cet été un nouvel aspect de sa personnalité : son côté dépensier à la Rachida Dati.

On se souvient en effet comment la pauvre Rama avait magistralement réussi à se tirer une balle dans le pied, en critiquant le coût de l’hôtel des Bleus et en réussissant la prouesse de dépenser plus qu’eux lors de son déplacement en Afrique du Sud. Coût de la farce : 45 000 euros – tout de même – dont 37 000 euros de billets d’avion 1ere classe, d’après Le Canard Enchaîné.

Eh bien, Rama vient encore une fois de se faire épingler par Le Canard Enchaîné, toujours sur le même motif : le coût de ses voyages. Ainsi, la belle Rama, décidemment bien cigale lorsqu’il s’agit du bien public, aurait-elle déjà dépensé l’intégralité de son budget 2010, de 270 000 euros. Ce qui l’a amené à demander à Roselyne Bachelot, sa ministre de tutelle qu’elle déteste cordialement, de lui attribuer une rallonge de 150 000 euros (soit près de 50% de son budget initial), scène d’anthologie qui a dû faire jaser dans les ministères.

Comme quoi, on a beau être une sous-ministre gadget, on peut aussi laisser de grosses ardoises !