Plus belle la vieille
Grand moment dans l’histoire de l’audiovisuel français: ce soir, Claire Chazal interroge Liliane Bettencourt.
Quand il s’agit de faire de l’audience et de rendre service au pouvoir en place, il n’est décidemment rien qui n’arrête TF1.
Comme par exemple harceler une vieille femme totalement sourde et à moitié sénile sur son lieu de villégiature pour la forcer à répondre à des questions sur ses relations avec sa fille, sa fortune, et ses liens avec son gigolo préféré.
C’est en effet ce que s’apprête à faire Claire Chazal, dans une interview de Liliane Bettencourt, curieux objet télévisuel, à la croisée entre la télé réalité et la politique spectacle (extrait en ligne sur le site info de TF1) et qui sera diffusé ce soir, au JT de la belle Claire.
L’interview a eu lieu dans une des résidences secondaires de Mme Bettencourt. L’héritière de la fortune de L’Oréal, élégamment vêtue d’un haut pastel, d’un pantalon blanc, et chaussée de baskets blanches éclatantes – concession de l’élégance à son grand âge – répond calmement, l’air vaguement absent aux questions de Claire Chazal.
Que se diront les deux femmes ? Compareront-elles les avantages respectifs de leurs deux gigolos respectifs (Arnaud Lemaire pour l’une, François-Marie Banier pour l’autre) ? En tout cas, au vu de l’extrait diffusé par TF1, dans lequel Claire compatit au « chagrin » causé à Liliane par le procès que lui intente sa fille, on n’imagine pas de questions trop embarrassantes de la speakerine-star (on n’ose parler de journaliste) de TF1 sur les libertés de Mme Bettencourt avec le fisc ou encore la réalité de ses liens avec Eric Woerth.
La télé-réalité a tout de même des limites qu’il ne faudrait pas dépasser. Surtout quand le patron de la chaîne est un proche du Président.
Note : La rédaction de TF1 et Mme Chazal précisent qu’aucune vieille n’a été violentée, harcelée moralement, agressée ou encore dépouillée de son argent pendant l’interview.
Cachez ce foot que nous ne saurions voir
Au moment où l’affaire Woerth-Bettencourt bat son plein, où les oppositions sont fortes au projet de retraites du gouvernement et où l’explosion de nos déficits devraient nous mener à un examen profond des finances publiques, nos parlementaires semblent avoir trouvé mieux à faire.
Ces derniers ont en effet décidé de suivre l’exemple donné par notre Omniprésident, qui n’a pas hésité à recevoir Thierry Henry le jour de la manifestation des retraites. Ainsi, mercredi 30 juin, Raymond Domenech et Escalettes ont-il été entendus pendant plus de 2h par la commission affaires culturelles (sic !) de l’Assemblée Nationale. On relèvera la promotion au rang « d’affaire culturelle » du désastre de l’Equipe de France, somme toute assez emblématique du système de valeurs d’un Président qui avoue n’avoir jamais rien compris à la Princesse de Clèves.
Il n’est finalement rien sorti de décisif de l’audition de ces deux vieillards du foot français, audition initialement prévue à huis clos, et dont la confidentialité fut mise à mal par deux cyber-députés en mal de reconnaissance qui ont « twitté » les meilleurs moments de ces échanges, avant de se faire rappeler à l’ordre, étant donné le caractère hautement sensible des jérémiades des deux épaves échouées sur les bancs de la commission.
A défaut d’avoir du pain – vu l’état calamiteux des finances nationales – les députés auront-ils au moins eu leur part des Jeux !